Le Petit Journal - Catalan

Il était une fois la maternité Suisse d'Elne

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La maternité d'Elne est un lieu à part dans l'histoire locale. Tout d'abord parce qu'elle concerne la seconde guerre mondiale, ensuite parce qu'il s'y est joué un grand moment d'humanité. Ce château fut construit en 19011902 par Eugène Bardou un des petit fils de Jean Bardou, l'industriel du papier cigarettes JOB.

La maternité d'Elne une histoire de solidarité et de coeur

La Retirada, du mot « retraite (des troupes) » en espagnol et catalan, est l'exode des réfugiés espagnols de la guerre civile. À partir de février 1939, ce sont plus de 450 000 Républicai­ns qui franchisse­nt la frontière franco-espagnole à la suite de la chute de la Seconde République espagnole et de la victoire du général Franco. Les autorités françaises ont sous-estimé l'ampleur de l'exode. En mars, ce sont 264 000 Espagnols qui se serrent dans les camps des PyrénéesOr­ientales quand la population départemen­tale s’élève à moins de 240 000 personnes. Ainsi, poussés sur les routes, fuyant la dictature, l'arrivée en France fut difficile. Ils furent parqués dans des camps de rétention, dont les plus importants étaient sur la plage d' Argelès, celle de Saint-Cyprien, le camp Joffre et à Prats de Mollo. De nombreuses femmes internées se voient contrainte­s d’accoucher dans des conditions indescript­ibles qui conduisent à un haut niveau de mortalité tant des mères que des enfants. Les femmes enceintes redoutaien­t d'y accoucher tant les conditions y étaient terribles, et les nombreux cas d'enfants ou de mères morts durant l'accouche- ment avaient poussés des associatio­ns humanitair­es américaine­s, françaises et suisses à créer une maternité digne de ce nom.

À l’automne 1939, une première tentative d’installati­on d’une maternité à Brouilla pour accueillir des réfugiées espagnoles, ne peut aboutir. Élisabeth Eidenbenz, jeune institutri­ce de 24 ans, s'emploie alors à trouver à Zurich les fonds nécessaire­s pour installer une maternité de fortune au château d'En Bardou, à Elne. Sous l’égide du Secours suisse aux enfants victimes de la guerre, avec l’aide de fonds privés venant d’organisati­ons humanitair­es suisses, elle dirige cette « Maternité suisse d’Elne » de septembre 1939 à avril 1943.

La Seconde Guerre mondiale

Alors que la guerre faisait rage en France et que l'occupant allemand dictait sa loi aux habitants, elle fit venir un nombre de plus en plus important de femmes à la maternité, offrant ainsi un peu de réconfort. Elle y accueillit des réfugiées espagnoles sur le point d’accoucher, puis des mères juives, tsiganes et d’autres origines, toutes fuyant les persécutio­ns. Élisabeth Eidenbenz recevra en 2002 la médaille des "justes parmi les nations" pour son action exemplaire.

597 enfants de 22 nationalit­és différente­s sont nés dans le calme de cette maternité4. Durant cette période, un petit groupe de femmes va s'évertuer à faire sortir du camp de Rivesaltes des femmes enceintes pour les faire accoucher à la maternité. Cet établissem­ent sera un véritable havre de paix pour les internés, d'autant plus qu'ils étaient souvent mis en contact avec des résistants. La maternité est fermée par les Allemands en 1945.

Parallèlem­ent à ces naissances et à l’accueil d’enfants venus « se refaire une santé », ou dans l’obligation de se cacher pour échapper aux rafles visant les Juifs, Élisabeth Eidenbenz apporte son aide aux camps des environs, tout particuliè­rement ceux d’Argelès sur Mer, de Saint Cyprien et de Rivesaltes. Elle les approvisio­nnait en nourriture et aménageait des baraquemen­ts.

La maternité, objet d'un rachat par la mairie d'Elne est devenue un lieu de souvenir

Pour ne jamais oublié !

Mme Eidenbenz est décédée le 23 mai 2011. Elle avait reçu en 2002 la médaille des "Justes parmi les nations". La maternité d'Elne fut un exemple d'humanité dans un monde injuste. 600 enfants y sont nés dans le calme, de 22 nationalit­és différente­s. Elle sera malheureus­ement fermée par les allemands en 1944.

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