Le Catalan Louis Aliot pourrait bien gagner la Région…
Sur le papier, le parti de Marine Le Pen peut l’emporter en Provence-Alpes-Côte d’Azur et en Nord-Pas-deCalais-Picardie. Dans la réalité, l’entre-deux-tours sera déterminant, notamment en Languedoc-Roussillon où le Catalan Louis Aliot pourrait l’emporter.
Les sondages sont bons, la querelle avec Jean-Marie Le Pen est sans effet, l’actualité nationale et internationale est propice : au Front national, on se frotte les mains à deux mois des régionales. Mais les élections ne sont pas qu’affaire d’arithmétique et l’entre deux-tours, en décembre, promet d’être très chaud.
Pour une fois, le Front national affiche un pronostic, et celui-ci est optimiste. Dès le lendemain des élections départementales de mars, Marine Le Pen et Florian Philippot, si prudents avant les précédents scrutins, affichaient la couleur : quatre ou cinq régions gagnables. A deux mois du premier tour des élections régionales des 6 et 13 décembre, les sondages ne leur donnent pas tort. Mais il y a parfois loin de l’intention au bulletin de vote.
Sur le papier, le FN peut l’emporter dans plusieurs ré- gions, là où il a fait ses plus gros scores aux élections européennes de 2014 et départementales de 2015.
En Midi-Pyrénées-Languedoc-Roussillon, les divisions de la gauche, qui doit théoriquement garder la région, peuvent faire le jeu des listes « Rassemblement Bleu Marine» de Louis Aliot. Dans tous les départements, elles sont données autour ou audessus des 20 % et il ne fait plus de doute qu’elle sera en mesure de se maintenir au second tour après avoir terminé en tête au premier tour. Ce qui est déjà une révolution. Même en Ariège ou dans les Hautes-Pyrénées, traditionnellement rétifs aux thèses frontistes, le FN a considérablement progressé lors des départementales.
Mais le mode de scrutin des régionales n’est ni celui des européennes, proportionnel à un tour, très favorable au FN, ni celui des départementales, majoritaire à deux tours et très défavorable.
On l’a vu en mars, où après un bon premier tour, le parti de Marine Le Pen n’a pu gagner aucun département. Ironie du sort, le mode de scrutin des régionales avait été modifié après les épisodes de 1998, qui avaient vu la droite faire alliance avec l’extrême droite pour sauver ses présidences dans quatre régions.
A la proportionnelle intégrale avait donc succédé le mode de scrutin actuel, proportionnel avec une prime majoritaire de 25 % des sièges pour la liste arrivée en tête. Les Socialistes, initiateurs de ce mode de scrutin, étaient persuadés de mettre ainsi droite et (mais surtout) gauche à l’abri : il s’agissait de bipolariser le scrutin. Jamais le FN, pensait-on alors, ne serait en mesure de conquérir la première place, qui donne la victoire, tout juste pourrait-il affaiblir la droite. On voit ce qu’il est advenu.
A tout juste deux mois du scrutin régional, le premier à se dérouler en décembre en France depuis la présidentielle de 1965, l’actualité semble aussi avoir décidé de dérouler un tapis rouge sous les pas des candidats frontistes. Chômage, terrorisme… le bilan en berne de l’actuelle présidence donne des ailes au Front National sur des thèmes porteurs. D’ailleurs, les sondages régionaux diffusés par la Dépêche/Midi-Libre/L’Indépendant, propriétés du PRG Jean-Michel Baylet et allié du PS, sont de plus en plus rares. Faut-il y voir un signe d’une érosion de la liste PS/PRG dirigée pa Carole Delga ?
Mais les élections ne sont pas seulement affaire d’arithmétique et un très bon score au premier tour ne vaut pas forcément victoire au second. Entre les deux tours, il y aura, outre l’examen du rapport de forces sorti des urnes, des calculs, des pressions, des débats, des polémiques. Voire des coups de théâtre. Quelle sera la dynamique de la liste arrivée en tête? Que fera la gauche (retrait? fusion?) là où elle arrive troisième et est laminée?
Du côte de Louis on compte bien transformer l’essai du premier tour en bénificiant d’un « vote utile de rupture ».