Autres légendes, le village englouti
Selon une autre légende, un village se serait englouti dans un étang près du sommet du Canigou : Balatg. On dit que ce lieu hors du temps erre dans la forêt.
Une très ancienne légende raconte aussi l'histoire de sept hommes gigantesques qui faisaient peser leur pouvoir sur le peuple vivant au pied du Canigou. Pris par l'orgueil, ils tentèrent de détrôner dieu de son royaume. Pour cela, ils voulurent monter jusqu'à lui en bâtissant un colossal escalier :
"Ils remontaient la vallée, poussant devant eux des rochers énormes. Ils s’arrêtaient quelquefois et signalaient leur halte d’une pierre levée. De Serre-Vernet, du Pla Guillem et du Riuferrer, la lente ascension des Géants, dalle sur dalles amoncelées, grandissait les pics, soulevait les crêtes, défiant la pointe culminante. Leurs haltes se signalaient d'une pierre levée (c'est ainsi que les vieux expliquent la présence de nombreux dolmens dans les contreforts du Canigou, une centaine au total percés d'étranges trous).
Le Canigou paraissait à portée d’assaut
Les orages tournaient. La terre tremblait et, de ses profondeurs, montait une haleine de feu. Les torrents charriaient des remous d’eaux furieuses. Des soubresauts de nuit mouvaient des masses sombres traversées d’éclairs. Le ciel brûlait et ses cendres aveuglaient les abîmes. Les Géants rapprochèrent Roc negre du Puig-Sec, Rojá de Tres-Vents et s’aidant de ce fantastique escalier prirent pied sur le ciel. Des vents se levèrent de tous les côtés à la fois. Jupiter se dressa, arma la foudre et frappa. Les Géants sont morts ensevelis sous les pierres et demeurent les pics qui furent leur tombeau : SetHomes, Rojá, Tres-Vent, Roc negre."
Durant l'antiquité, le Canigou représente à lui seul les Pyrénées. Les navigateurs grecs, phéniciens et romains qui naviguent l'aperçoivent de la baie de Rosas au Golfe du Lion, c'est un repère de premier ordre.
Le Canigou serait lié au mythe de Pyrène, la cité disparue située sui- vant les thèses au Cap de Creus ou à Elne, elle même associée au mythe du feu. Interessant en sachant que le Canigou regorge de fer. Et aussi bizarre, à chaque endroit où se trouve une forge, on retrouve une vierge noire, comme à Valmanya, Sahorre, Corneilla de Conflent, Arles sur Tech, Montferrer (qui signifie "Le Mont du Fer"), Prats de Mollo etc... La Dame de Thuir est en plomb polychromé.
En 1285, rapporta le moine Salimbena, le roi Pierre II d'Aragon, Pere II "el gran", gravit les pentes du Canigou qu'il croyait être le plus élevé des Pyrénées. Une erreur qui persistera jusqu'en 1817, quand Méchain et Reboul le mesurèrent.
"Il partit avec deux chevaliers, mais après un orage terrible ceux-ci abandonnèrent l'expédition en cours de route. Le roi continua seul. Arrivé au sommet, il vit un étang dans lequel il jeta un caillou. Un dragon en jaillit, qui cracha du feu dont la fumée assombrit le ciel. Ce n'est qu'après avoir tué le dragon que le roi redescendit, en héros, du sommet du Canigou. Depuis, nombreux sont ceux qui gravissent le pic de la montagne sacrée. C'est ainsi que chaque année, le premier feu de la Saint-Jean s'allume en son sommet."
Le Canigou est protégé par un nombre impressionnant de vierges noires, qui malheureusement disparaissent les unes après les autres, emportées par la folie des hommes. Saint Michel lui-même, du haut de son abbaye de Cuxa, ne peut que regretter leur absence. Une intention peut-être, une autre énergie de la Dame qui pourrait se mettre en place pour la nouvelle humanité ?