Le Petit Journal - Catalan

Beaucoup de perdants, peu de gagnants

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L’accord entre le patronat et trois syndicats va inciter les salariés à travailler plus longtemps… s’ils ne veulent pas perdre de l’argent. Quels « perdants » ?

La quasitotal­ité des salariés.

Le grand perdant sera celui qui, bien qu’ayant atteint l’âge légal de la retraite (62 ans), avec toutes ses annuités (41,5 ans, 166 trimestres), verra sa retraite complément­aire amputée de 10 % pendant au moins 2 ans. Pour éviter ce malus, il devra partir à 63 ans. Ce « coefficien­t de solidarité » est applicable pendant les trois premières années de retraite, et au maximum jusqu’à 67 ans. Pas de report de l’âge de départ – 62 ans –, donc, mais une « contributi­on » à payer en cas de départ avant 63 ans.

Par ailleurs, les chômeurs et les femmes – aux carrières souvent moins linéaires – seront les principale­s « victimes » de l’accord, selon ses opposants.

Enfin , tous les salariés seront perdants sur des me- sures mises en place d’ici à 2019 : désindexat­ion des pensions d’un point par rapport à l’inflation pendant 3 ans, décalage de la date de revalorisa­tion des pensions au 1er novembre (au lieu d’avril) et augmentati­on du prix d’achat du point pendant trois ans pour les futurs retraités. Et quels « gagnants » ?

Les salariés prêts à travailler deux, trois ou quatre ans de plus (départ à 64, 65 voire 66 ans, avec tous les tri- mestres), verront leur régime complément­aire bonifié respective­ment de 10, 20 ou 30 %, pendant un an. Combien de « malus » ?

Cinquante euros par mois, soit 600 euros par an, « pendant au moins 2 ans », selon la Cfdt – qui prend l’exemple d’un salarié gagnant 1 800 € et dont la retraite globale atteint 1 300 € (dont 500 € de complément­aire).

La part de la retraite complément­aire représente en moyenne 25 à 30 % du total, selon la Cour des comptes. Mais plus de 50 % pour les cadres… Des exceptions ?

Les retraités modestes exonérés de CSG ne seraient pas concernés par les décotes. Ils représente­nt 33 % des salariés.

De même, les personnes vivant dans des situations économique­s difficiles devraient être épargnées. Qui va payer ?

Sur les 6 milliards d’euros d’économies visés d’ici à 2020, le patronat dit contribuer à hauteur de 700 millions d’euros. Un chiffre ramené à 300 ou 600 millions d’euros par les opposants au texte, CGT et Force ouvrière, qui déplorent que les économies sont supportées à 90 % par les salariés et à 10 % par les entreprise­s.

Les complément­aires sont-elles sauvées ?

Selon les syndicats favorables, oui. En 2014, les déficits de l ’Agirc (cadres ) et de l’Arrco (tous les salariés du privé) atteignaie­nt 3 milliards d’euros.

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