Le Petit Journal - Catalan

Alerte rouge sur les investisse­ments locaux

Collectivi­tés locales • Dépenses en hausse, recettes en baisse… les collectivi­tés territoria­les sont dans l’impasse

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Moins de recettes, plus de dépenses, et c’est l’investisse­ment qui trinque. Sans oublier la tirade coutumière contre les dépenses de fonctionne­ment, toujours en hausse dans les collectivi­tés. Ça s’appelle un effet de ciseau, et ça fait mal aux collectivi­tés locales et au pays tout entier : des dépenses qui augmentent (+2,2%) plus vite que les recettes (+1,3%), et provoquent une chute de l’investisse­ment local (9,2 %).

Des investisse­ments vitaux pour les territoire­s souligne la Cour des comptes, dans un rapport.

« Baisse durable à prévoir »

En cause, la diminution des dotations de l’Etat, destinée à réduire les déficits publics. La Cour donne raison aux élus locaux, regrettant qu’elle soit appliquée de manière mécanique, au rabot.

Conséquenc­e : des collectivi­tés en grande difficulté financière. La réaction est souvent de tailler dans les in- vestisseme­nts.

Cet état de fait est général à l’ensemble du pays et touche les grands comme les petits. Ce fut le cas l’année dernière, ça l’est encore cette année, avec une baisse de 15 % en moyenne dans les très grandes villes.

Chers rythmes scolaires

En plus de voir les dotations de l’État diminuer, les élus doivent aussi satisfaire à de nouvelles dépenses : les charges que l’État leur impose, sans les financer. En tête, la revalorisa­tion du RSA, décidée par le gouverneme­nt, payée par les départemen­ts : 420 millions d’euros de plus. Mais aussi la réforme des rythmes scolaires, avec l’obligation pour les communes d’organiser des activités périscolai­res : entre 350 et 620 millions d’euros de plus.

Absentéism­e ruineux

Non, je n’ai pas changé, répond en substance le premier président de la Cour Didier Migaud, quand on pointe sa bienveilla­nce à l’égard des élus.

Il est vrai que le rapport revient sur les dépenses de fonctionne­ment des collectivi­tés, dont une forte hausse des dépenses des rémunérati­ons (+4%). Et de pointer pour exemple le taux d’absentéism­e des PyrénéesOr­ientales (26,3 jours par agent en 2012)… La Cour a fait le calcul : pour préserver leur niveau d’investisse­ment, et compte tenu de la baisse des dotations, la hausse des dépenses de fonctionne­ment devrait être de +0,7 % cette année, contre +2,2 % l’année dernière. Un ralentisse­ment difficile à obtenir à court terme.

Ça ne va s’arranger

Les choses s’accumulent depuis longtemps. La baisse des dotations des trois prochaines années arrive après la suppressio­n trop rapide de la taxe profession­nelle, après le gel des dotations à une époque où l’inflation était à 2.5 %. À force de réduire les dotations, d’augmenter et de transférer des charges aux collectivi­tés, ces dernières n’y arrivent plus ! La seule solution est de diminuer les investisse­ments et l’emprunt.

Tant qu’il y a de l’autofinanc­ement pour rembourser les emprunts, ça va. Mais certaines collectivi­tés ont recours à l’emprunt pour pouvoir le rembourser. On est sur le fil du rasoir.

Ce n’est donc pas une surprise de voir que la baisse des investisse- ments était au centre du congrès des maires. Un congrès des maires très revendicat­if. Car si on fait de l’investisse­ment, on relance la croissance. Mais voilà, on pense que l’investisse­ment va chuter jusqu’à 12,5 ou 14 %!

Des économies sont-elles possibles dans le fonctionne­ment ? Elles sont déjà faites depuis longtemps sur l’énergie, les véhicules ou le patrimoine qui ont été revendus! Aujourd’hui, il n’y a plus de gras. Il y en a eu, mais nous sommes à l’os. Si un élu veut faire des économies aujourd’hui alors l’on pourrait arriver à des situations compliquée­s comme la privatisat­ion de la cantine scolaire et on ne parlera plus de circuit. On est rentrée dans une période de vaches maigres et aujourd’hui il n’y a pas une seule dépense qui ne soit pas justifiée.

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