Comment en parler à l’école ? Des professeurs mieux préparés
Education • Au collège et au lycée, les enseignants d’histoire-géographie sont en première ligne. Ils se montrent plus sereins qu’en janvier pour parler des attentats à leurs élèves.
« Mes élèves seront demandeur s , j’en suis sûr » nous explique un professeur. « Je vais partir de leurs points de vue, mais je vais aussi les pousser à réfléchir sur les sources d’information dont ils disposent, aborder le terrorisme et son financement, le confronter aux valeurs que nous défendons. Donner de la profondeur après avoir libéré la parole des élèves », résume-t-il. « Nous ne sommes pas là pour commenter l’actualité et rester sur l’émotion des événements, le ressenti. Mais nous devons leur donner des repères, un minimum de recul », insiste une de ses collègues.
Avec ses « premières techno », il compte notamment évoquer la situa- tion en Syrie et le développement du terrorisme.
Moins d’appréhension
Les professeurs d’histoire-géographie expr iment moins d’appréhension qu’en janvier dernier, au soir de l’attentat contre Charlie Hebdo. « C’est tragique, mais c’est l’effet de l’expérience, les enseignants sont désormais mieux outillés ».
Ils n’ont pas forcément étudié la consigne de Najat VallaudBelkacem pour envisager les échanges qui se dérouleront en classe. Pourtant, la réaction du ministère de l’Éducation nationale a été immédiate.
Réunie samedi, une cellule de crise a défini des consignes, de manière plus précise qu’en janvier. « Écouter sera une des premières missions. Dans un second temps, il conviendra de veiller à orienter les discussions sur le fait que, dans Paris et en SeineSaint-Denis, vendredi soir, ce sont des hommes, des femmes et des enfants qui ont été atteints, quelles que furent leurs opinions personnelles, leurs opinions philosophiques ou leurs convictions religieuses.
Une même peine atteint leur famille et leurs proches, au-delà de toute appartenance, dans une même humanité frappée par le deuil ».
Recadrer les dérapages
La situation géopolitique n’est pas évoquée. Le ministère redoute peutêtre les provocations au lendemain du 7 janvier, celles d’élèves qui trouvaient que les dessinateurs de Charlie avaient « abusé ».
Les enseignants ont l’air plus sereins. « C’est moins épineux. Il sera plus facile de tenir un discours sur la solidarité nationale envers des victimes anonymes ». Elle a préparé son intervention, auprès des classes de 4e et de 3e. « À chaud, on est là pour écouter, rassurer, expliquer aussi les mesures prises. On parlera donc de ce qui s’est passé et on recadrera les propos antirépublicains s’il le faut. Il faut amener les élèves à comprendre qu’ils font partie de la communauté française blessée, d’où la minute de silence ». D’autres craintes sont en revanche exprimées. Notamment concernant la stigmatisation des élèves musulmans. « Certains considèrent qu’il s’agit d’une guerre de civilisation, un combat entre l’Occident et l’islam. J’aimerais que la discussion puisse les aider à comprendre que le clivage existe entre l’obscurantisme et la démocratie, pas entre eux et nous. Nos élèves sont eux-mêmes l’exemple de l’ambition multiculturelle de nos sociétés ».