UN TRAVAIL A QUEL PRIX?
Paradoxe : les augmentations vont être encore limitées cette année, sans forcément provoquer des conflits
Ce ne sera pas Noël au printemps… Les négociations salariales annuelles obligatoires (NAO), qui s’engagent dans les entreprises, ne vont pas déboucher sur de fortes augmentations : +1,5 % en moyenne, augmentations générales et individuelles confondues, c’est l’évolution du budget prévue par les entreprises, selon une étude du cabinet Altédia. La modération salariale reste de rigueur, commente Eric Lhomme (voir ci-contre).
Les facteurs du conflit
Logique, au moment où «compétitivité» est le maître mot des entreprises comme du gouvernement. Il justifie l’absence de coup de pouce au Smic (augmentation de +0,6 % au 1er janvier), comme la diminution des cotisations sociales des entreprises et la création d’une prime à l’embauche pour les Pme.
Une pression sur les salaires provoque en général des conflits sociaux.
Le cabinet « Entreprise et Personnel » pointait ainsi un risque de «tensions salariales» dans sa note annuelle, publiée en novembre.
Toutes les conditions du conflit semblaient réunies. Un « sentiment partagé par beaucoup, à commencer par l’encadrement, d’avoir accepté beaucoup d’efforts ces dernières années ». Ensuite, une reprise économique donnant du grain salarial à moudre.
Restent les « facteurs déclenchants » au niveau de chaque entreprise : des propositions d’augmentation trop faibles pour la Nao, de bons résultats de l’entreprise, et des rémunérations en hausse pour les dirigeants… Pouvoir d’achat : +0,9 % et plus
Mais l’atmosphère a changé depuis novembre, corrige aujourd’hui Michèle Rescourio-Gilabert, qui avait codirigé ce rapport. Le « choc » des attentats du 13 novembre demeure, plus durable que celui de Charlie en janvier, créant un climat peu propice à des mobilisations sociales. Et la question du chômage «revient en boomerang», prenant le pas sur la préoccupation salariale.
Il est évident que, quand ça va mieux dans une entreprise, la revendication salariale revient, et il est normal que les salariés aient une part de la richesse créée. Mais celle-ci doit également aider à l’investissement, et donc à l’emploi.
Il faut surtout relativiser la faiblesse des augmentations attendues cette année : +1,5%, c’est peu… mais c’est au-dessus de l’inflation, prévue à 1 % par le gouvernement. Et c’est ainsi que le pouvoir d’achat moyen devrait continuer d’augmenter cette année : d’au moins 0,9 %, après 1,7 % l’année dernière, selon la dernière note de conjoncture de l’Insee. Mais un bon indice ne fait pas le printemps salarial…