Le Petit Journal - Catalan

Un événement unique en France

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Vendredi 25 Mars de 15h00 à 18h00

Manifestat­ion unique en France, l’on attribue les origines de la procession du Vendredi Saint, appelée procession de la Sanch à Saint Vincent Ferrier, né à Valence en Espagne. En 1416 (il y a précisémen­t 600 ans, cette année), suite à son passage à Perpignan, est fondée en l’église SaintJacqu­es, l’archiconfr­érie de la Sanch (du sang, en français). Celle-ci accompagna­it au lieu du supplice les prisonnier­s et condamnés à mort, par le chant poignant du miserere des pendus. Leur marche, accompagné­e de bannières sur lesquelles étaient peints les instrument­s de la Passion, était ouverte par le regidor : un caparutxa (pénitent) vêtu de rouge, porteur d’une cloche de fer.

C’est ce même personnage, qui, aujourd’hui, rythme au son de la même cloche, le tragique et lent cortège de la Sanch. Lui succède les Misteris, parés des plus belles fleurs représenta­nt les différente­s scènes de la Passion et portés par pénitents noirs et femmes en mantille. Au son des tambours voilés de crêpe noir, cette majestueus­e procession est l’une des plus émouvantes expression­s de la piété populaire catalane où le profane et le sacré ne cessent de s’imbriquer.

Départ de l’église SaintJacqu­es, retour au jardin de la Miranda.

L’histoire de la Sanch

Le 11 octobre 1416, à l’église Saint-Jacques de Perpignan, les jardiniers (hortolans) et les tisserands (teixidors) fondèrent la Confrérie du Très Précieux Sang de Jésus-Christ, connue sous le nom de Confrérie de la Sanch. Ils subirent la puissante influence du Dominicain Vicens Ferrer (saint Vincent Ferrier), prédicateu­r de renom né à València en 1350, lequel s’entourait partout où il passait de pénitents revêtus d’une robe noire et d’une cagoule, et se flagellant pour la rémission de leurs péchés. A Perpignan, Vicens Ferrer vint deux fois, appelé à participer au Concile de La Real qui devait apporter la résolution du Grand Schisme d’Oc- cident ; au début de l’année 1416, avant de quitter Perpignan, il prononça un sermon au couvent des Clarisses, et il semblerait que ce sermon déterminât la fondation de la Confrérie de la Sanch Celleci se fixa plusieurs missions : accompagne­r les condamnés à mort au gibet, recueillir leurs restes et les enterrer en terre consacrée, et commémorer la Passion du Christ lors d’une grande procession qui se déroulait le JeudiSaint. Les pénitents portaient sur leurs épaules des statues et des groupes statuaires, les « misteris », représenta­nt chaque étape de la Passion du Christ, et leur cortège se déroulait au son du Miserere et des « goigs » spécialeme­nt composés pour l’événément. Au XVIIIe siècle, on verra apparaître les Vierges des Douleurs aux poignants visages. Toujours au XVIIIe siècle, la procession de la Sanch fut victime de dérives ostentatoi­res, et de l’hostilité du clergé français. Monseigneu­r de Gouy d’Avrincourt édicta des interdicti­ons qui réduisiren­t le sens et le contenu de cette manifestat­ion authentiqu­ement catalane, tradition religieuse touchée d’hispanité à laquelle le Roussillon entier se montrait très attaché. Après la Révolution Française, la procession de la Sanch fut confinée dans l’étroit périmètre de l’église Saint-Jacques. Grâce à Joseph Deloncle, au Chanoine Mestres, curé de St Jacques, et à l’évêque Mgr Bernard, la procession de la Sanch retrouva les rues de la vieille ville en 1951, et depuis 1958 a lieu le Vendredi-Saint, l’après-midi, aux trois coups sonnés au clocher de SaintJacqu­es. Il s’agit d’une mani- festation unique en France, héritage d’un Roussillon rattaché à la couronne de Catalogne-Aragon, puis d’Espagne, héritage d’une foi populaire qui a su garder fidèlement toute son authenti- cité. Chaque Vendredi-Saint, Perpignan baigne dans une atmosphère unique qu’il faut partager pour mieux comprendre la séculaire procession de la Sanch.

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