Le point fort. A coucher dehors
La seule question qui vaille, au bout d’une semaine de bouillonnement médiatique, c’est : pourquoi ? Pourquoi un tel enthousiasme autour de quelques rassemblements de noctambules, certes sympathiques, mais néanmoins un tantinet illuminés. La seule explication à cette effervescence tient à l’innocuité du mouvement. D’où la bienveillance de la sphère politique, incapable de gérer l’ingérable. Et convaincue que, sans provocation inutile, les choses rentreront dans l’ordre d’ellesmêmes.
Il fut un temps où les socialistes savaient neutraliser les mouvements étudiants. François Hollande galère avec la jeunesse à qui il a dédié son quinquennat. Ainsi pense-t-il que la nouvelle génération regarde encore la télé. Jeudi quand il causera dans le poste, Super Macron est invité par la banque Goldman Sachs à Londres. Cela nous rappelle que ce baby réformateur, pur produit de la haute fonction publique et banquier d’affaires intermittent, fait aussi partie de l’héritage en trompe-l’?il de ce qu’il est désormais presque convenu de déjà appeler les années Hollande.
La machine économique repart très doucement. Le gouvernement peine à faire valoir un bilan social. L’alternance de 2012 n’a pas abouti à une politique foncièrement différente. Pendant un an, gauche et droite décomplexées vont établir un rapport de forces à travers des mobilisations, sur le pavé ou dans les urnes de primaires. Il faudra cependant ensuite que le vainqueur gouverne avec ou malgré la radicalité d’en face.
Tombé d’un coin du ciel, le mouvement « Nuit debout», cet objet politique non identifié, occupe nos places et encombre l’espace du débat public autant qu’il l’embarrasse. Des observateurs y voient la formulation d’une nouvelle citoyenneté à l’ère du 2.0. On conceptualise, on enchaîne les idées. Ce «crépuscule des bobos» est interminable assure un infiltré. Des histoires à dormir debout et coucher dehors, en somme.