Les Gitans TOUT UN PEUPLE
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Une exposition au coeur de la Cité du Nouveaux Logis, qui a engendré une grande mélancolie, la jeunesse vivant plus souvent au présent ont pu découvrir le passé de leurs ancêtres.
La mémoire et l’oubli : L’internement des Tsiganes en France. 1940-1946.
On peut constater la présence ancienne, dès 1427 à Paris, des Egyptiens, Sarrasins, Bohémiens, nomades, Roms, Manouches, Gitans, Kalés, arrivés de l’Inde. Ils ne sont pas l’objet de rejet et objet de mépris jusqu’au XVIIe siècle. Il y a dans les villes un sentiment de sympathie à l’égard des «Egyptiens» qui excellent dans les arts et dans le spectacle, ce qui fait qu’ils sont accueillis favorablement par la noblesse.
Colbert, avec le Code noir, interdit aux nobles de les recevoir dans leurs châteaux, et les menace, s’ils ne se sédentarisent pas, de se retrouver aux galères pour les hommes et d’avoir les cheveux rasés pour les femmes.
Tout individu réputé nomade doit être porteur d’un carnet anthropométrique d’identité:
La loi du 16 juillet 1912 institue la création du carnet anthropométrique -il est appliqué jusqu’en 1969 - , selon la méthode mise en place par Alphonse Bertillon dans les années 1880 pour ficher les criminels : empreintes digitales de tous les doigts de la main, ca- ractéristiques anthropomorphiques, photos de face et de profil, à partir de 13 ans révolus. L’application se fait très vite dans le contexte du racisme scientifique du XIX ème siècle, et de ses composantes racialistes.
Pendant la Première guerre mondiale :
Les «Romanichels» alsacienslorrains sont particulièrement visés, pas seulement ceux qui sont sur les territoires de l’Alsace-Moselle libérés, mais ceux qui, ayant opté en 1871 et 1872 pour la France, se trouvent à l’arrière du front. Ils sont arrêtés en tant qu’Alsaciens-Lorrains mais surtout en tant que « Romanichels» au motif qu’ils peuvent être des espions susceptibles de donner des informations à l’ennemi. Dès septembre 1914, on les expédie dans 75 camps spécialement créés.
Les institutions et les fonctionnaires cultivent déjà la culture de l’obéissance. Les micropouvoirs acceptent l’internement proposé. On a le cas du maire de Crest qui s’est plaint que le tribunal avait accordé une peine trop légère à un Tsigane. Sans doute le juge était un protestant qui, par solidarité avec un persécuté, n’avait pas été trop sévère. Les Tsiganes sous Vichy Par le décret du 6 avril 1940, de la République finissante, signé par Lebrun, les Tsiganes, soupçonnés d’espionnage, deviennent des voyageurs assignés à résidence.
Les Allemands imposent bientôt l’internement dans des camps :
25 camps existent en août 1940, puis ils vont laisser la place à des camps plus importants, comme celui de Montreuil-Bellay. Ce sont des camps improvisés, gérés par Vichy, suite à la demande allemande d’internement des Tsiganes, le 4 octobre en zone nord. Les familles se retrouvent dans le dénuement le plus complet. Les conditions de vie sont lamentables, dans des forts, des gares abandonnées, des carrières, des tôles. Dans le froid, la boue, la faim, le mépris. Des responsables signalent le manque d’hygiène, mais ne font rien pour aider ces familles.
Parmi les camps les plus importants où sont internés «nomades», «forains», «romanichels», «bohémiens», «tsiganes» ou «roms» : Poitiers, Montreuil-Bellay, Rennes, La Forge à Moisdon-la-Rivière, Choisel, Linas-Montlhéry, Mulsanne, Arc-et-Senans, Saint- Maurice- aux- RichesHommes, internement des gens du voyage au camp de la Forge.
Le cortège des injustices, du mépris, des vexations, est resté en mémoire chez les Tsiganes. Des témoins, qui avaient 13-14 ans à l’époque, se souviennent des formes de mépris affichées à l’égard des nomades, cette situation va perdurer dans des conditions dramatiques comme à Poitiers, où juifs et Tsiganes sont enfermés. Il y a de nombreuses tentatives d’évasion qui se soldent vite par des arrestations, surtout en passant la ligne de démarcation.
Ce drame se prolonge jusqu’à la fin mai 1946. 4 camps fonctionnent encore. On veut fixer les nomades pour les préparer à la sédentarisation.
A Poitiers, 70 personnes sont déportées à OranienbourgSachsenhausen, en janvier 43. Un déporté est revenu en 1945 en Dordogne. Il est assigné à résidence par le préfet de Lorraine, témoin d’une non-reconnaissance à l’égard d’une souffrance tsigane.
Eclairage sur ce pan d’histoire méconnu par Emmanuel Filhol, historien Pendant la Seconde Guerre mondiale, les Tsiganes français ont vécu une période noire de leur histoire, où l’âme d’une communauté s’est fracturée. Si le génocide perpétré par les nazis envers les Tsiganes habitant sur le territoire du Grand Reich et à l’extérieur, dans d’autres pays d’Europe, est un fait historique davantage connu de l’opinion publique française, il n’en va pas de même en ce qui concerne le sort réservé aux Tsiganes de France sous l’Occupation et Vichy.