L'Anses déplore le manque de données
Selon un rapport de l'Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) mis en ligne lundi, les données sur l'exposition des travailleurs agricoles aux pesticides sont insuffisantes pour évaluer les risques encourus. Pire, certaines seraient même fournies par des organismes ayant un intérêt économique à la vente de ces produits.
Si les agriculteurs sont les premières victimes des pesticides, les données sur l'exposition de ces travailleurs seraient insuffisantes pour évaluer les risques encourus. C'est ce que déplore l'Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses), dans un rapport en sept volumes mis en lundi sur son site internet.
« Plus d'un million de professionnels du secteur agri- cole sont potentiellement exposés aux pesticides » en France, l'un des pays européens qui en utilise le plus, rappelle l'agence. Or, « les données relatives aux expositions aux pesticides des personnes travaillant dans l'agriculture sont lacunaires et aucune organisation en France n'est en charge de les produire »
Pire, ces données seraient « pour certaines produites par des organismes non indépendants », c'est-à-dire ayant un intérêt économique à la vente de ces produits, pointe l'Anses, qui regrette aussi que l'accès à ces informations soit en partie soumis à des exigences de confidentialité « empêchant de traiter correctement les enjeux de santé publique ». Pourtant, « de nombreuses études épidémiologiques » ont mis en évidence « une association entre les expositions aux pesticides et certaines pathologies chroniques ».
Face à ce constat, l'Anses recommande de « favoriser l'accessibilité » à l'information.
Elle préconise également « le renforcement des actions de conseil et de formation des utilisateurs menées dans un cadre indépendant », alors qu'elles sont aujourd'hui confiées « à des personnes appartenant à des entreprises dont les bénéfices sont directement dépendants de l'usage de pesticides », comme certains vétérinaires ou vendeurs de produits phytopharmaceutiques.