Incertitude dans les vignes
Même si le millésime 2016 pourrait être de qualité, grêle et sécheresse ont durement frappé les vignobles. Plusieurs vignerons témoignent de cette année difficile.
Même si le millésime 2016 pourrait être de qualité, grêle et sécheresse ont durement frappé les vignobles. Plusieurs vignerons témoignent de cette année difficile.
Bien malin qui pourra dire ce qui ressortira des vendanges 2016.
Cette année a été compliquée pour les vignerons : gel au printemps, inondations début juin, grêle et canicule cet été. Un véritable catalogue du dérèglement climatique.
« Certains ont tout perdu. »
Ainsi, dans certaines régions, les pertes ont été massives. Premier accusé, la grêle. « Deux orages, en mai et en juillet, ont ravagé près de la moitié de mon exploitation », explique Didier Bataillard, dont le domaine de 32 hectares se situe sur plusieurs appellations du beaujolais. « Un vrai désastre. Certains de mes voisins ont tout perdu. »
Outre le Beaujolais, la grêle a également frappé les vignobles dans l’Hérault, en Charente, à Chablis…
Des orages dévastateurs, le 17 août, ont particulièrement frappé l’est héraultais et le Pic Saint Loup.
Le gel a également fait des dégâts. « En 30 ans de carrière, c’est la deuxième fois que j’ai vu un tel épisode de gel, raconte Jean-Claude Theulot, dont le domaine de 11 hectares en mercurey et premier cru se trouve dans le village éponyme, en Bourgogne. Le 27 avril, de Dijon à Mercurey, tout le monde a été touché. Personnellement, je vais avoir 30 à 40 % de perte de volume, mais je sais que d’autres n’auront rien à vendanger ». Le gel a également frappé en Champagne, où la baisse de production serait d’environ un tiers, à Chablis ou en Charente…
Dur l’ouest héraultais, le narbonnais, les PyrénéesOrientales, le vignoble littoral ainsi que sur les zones Corbières et Minervois, la sécheresse estivale a réduit le volume de la récolte.
Le manque d’eau a été fortement amplifiés par un fort vent desséchant qui a soufflé régulièrement cet été.
Du coup les raisons étaient nettement plus petits d’où des rendements plus faibles. Dans les Pyrénées-Orientale la récolte 2016 est de 0,60 million d’hectolitres contre 0,84 Mh l’année dernière.
Août a-t-il sauvé le millésime ?
Si les volumes ne seront pas au rendez- vous, la qualité devrait être là, grâce à un mois d’août beau et chaud. On a eu très bon ensoleillement par rapport à une année classique. Les raisins qui ont survécu sont jolis. On n’hésite pas à parler d’un «beau millésime».
L’état sanitaire des raisins, fut optimum cette année du fait de la rareté des précipitations depuis le début de l’été.
A noter, néanmoins, que les pluies de mi-septembre ont été bénéfiques aux vignobles où la maturation des raisins n’était pas terminée. Et finalement, on a vendangé tardivement mais ce n’est pas inhabituel.
Pour autant, la sécheresse liée à la canicule inquiète dans le Bordelais, relativement épargné cette année : « Des feuilles commencent à “cuire” sur place, s’inquiète Stéphane Becquet du Syndicat des vignerons bio d’Aquitaine.
Autant le blanc devrait être bon, si on n’a pas un peu de pluie, la récolte de rouge pourrait être touchée. »
Quel futur ?
Quant aux conséquences de 2016 sur les récoltes suivantes, si Jean-Claude Theulot est confiant (« La végétation repart déjà. Ça devrait être bon l’an prochain »), Di- dier Bataillard est pour sa part très inquiet : « Dans notre zone, on a peur que de nombreux pieds aient été tués. Et là, c’est trois années perdues. » Tous deux regrettent le manque d’aides. « Il n’y a pas eu de vrai support technique. On n’a eu droit qu’à des “on-dit”. Une direction claire aurait pu nous guider », souligne Jean-Claude Theulot. « Dans notre coin, personne n’avait pris d’assurance anti-grêle, qui était hors de prix.
On attend encore les aides financières des différents conseils. Sans ça, des domaines vont être en danger de mort », s’alarme Didier Bataillard.