Le Petit Journal - Catalan

Le bouchon de liège devient high-tech

Innovation • Traçage par satellite, chromatogr­aphie… Pour éradiquer la dégradatio­n du bouchon, ennemie du bon vin, l’industrie du liège n’hésite plus à innover. Rencontre avec le leader mondial, le Portugais Amorim.

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Des chênes-lièges à perte de vue. En haut de plusieurs arbres, des ouvriers s’affairent à prélever l’écorce avec des serpes. Comme chaque été, à Santana Do Mato, petite commune au sud-est de Lisbonne, la récolte du liège se déroule sous une chaleur caniculair­e.

Une image à laquelle sont habitués les Portugais : leur pays est le premier producteur de liège au monde.

Si le folklore reste présent, le choix des arbres à récolter lui, est plus que jamais ancré dans le Xxie siècle : « Nous effectuons un marquage par satellite de chaque parcelle, explique Joana Mesquita, ingénieure au groupe Amorim, leader mondial du bouchon en liège.

Cela nous permet de choisir les meilleures écorces. »

Éradiquer le goût du bouchon

Comment détermine-t-on une bonne écorce ? Son épaisseur ? L’absence de défauts ? Entre autres. Mais il faut surtout chasser un en- nemi invisible : le Tca (2,4,6trichloro­anisole), la molécule à l’origine du redoutable goût du bouchon (lire par ailleurs). « Avant, nous avions une mentalité d’industrie du bois. Désormais, nous avons une mentalité d’industrie de l’alimentati­on », explique Joana Mesquita.

Dans les usines de Coruche ou Equipar près de Lisbonne, les ouvriers portent tous des blouses et la charlotte.

Le traitement de l’écorce de liège a évolué : « Nous protégeons au maximum les écorces, que ce soit dans le séchage (qui dure un an) ou dans le traitement », précise Joana Mesquita. Làbas, bouchons en granulé et rondelles de liège (utilisés notamment pour boucher le champagne) sont assemblés avec marquage laser, séchage par micro- ondes, tests chimiques et olfactifs.

Rien n’est laissé au hasard. L’avenir des bouchons se joue essentiell­ement sur le site historique d’Amorin, à Santa Maria de Lamas, près de Porto. Là-bas, les ouvriers continuent de sortir des bouchons entiers à partir des plus belles écorces sur des machines quasiment vieilles d’un siècle. Mais à côté, dans l’unité recherche et dévelop- pement, des appareils résolument modernes sont à l’oeuvre.

Adieu tire-bouchons ?

« Nous avons développé la gamme Ndtech dans le but d’éradiquer le Tca de nos bouchons, explique Miguel Cabral, responsabl­e recherche et développem­ent d’Amorim. Pour cela, nous utilisons la chromatogr­aphie (analyse par échantillo­ns), qui nous permet de trouver les bouchons entiers et agglomérés qui ne contiennen­t pas de Tca. Nous pouvons analyser 600 millions de bouchons par an. Et proposer les meilleurs bouchons. » L’innovation passe également par la forme comme Hélix, né de l’alliance avec le verrier américain O-I, qui permet d’ouvrir son vin sans tire-bouchon.

Face aux capsules et aux bouchons plastiques, le liège n’hésite pas à partir à la recherche de nouveaux débouchés

 ??  ?? nCes bouchons en forme de champignon­s, c’est la gamme Hélix du portugais Amorim. Alliés aux bouteilles adéquates, ils permettent d’ouvrir son vin sans tire-bouchon.
nCes bouchons en forme de champignon­s, c’est la gamme Hélix du portugais Amorim. Alliés aux bouteilles adéquates, ils permettent d’ouvrir son vin sans tire-bouchon.

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