Histoire de respect

Après l’humilité d’une vie, l’horreur d’une mort : la fin d’un vendeur de poissons marocain, supplicié parmi des ordures, donne la nausée à tout un pays. Il y a de l’éoeurement. Il y a en plus la révolte.

Jusque-là le Maroc avait été épargné par le printemps arabe. La mort atroce d'un vendeur de poissons, happé par les griffes d'une benne à ordures, risque de changer la donne. Spontanément, des dizaines de milliers de Marocains sont descendus dans la rue pour dénoncer l'attitude de la police. Une explosion de colère qui a fait penser tout de suite à ce qui s'était passé en Tunisie en 2011, avec le suicide d'un marchand ambulant harcelé par les autorités. On connaît la suite. Le pouvoir aussi, qui a diligenté le ministre de l'Intérieur. Il a promis une enquête rapide, dans le but évident de calmer les esprits. Le Maroc est resté relativement à l'abri des convulsions qu'ont connues d'autres pays arabes, mais la contestation n'y est pas absente.

Le roi Mohammed VI a aussitôt assuré que toute la lumière serait faite sur ce drame. Que s’il y avait des fautifs, ils ne trouveraient pas grâce à ses yeux. Il sait bien qu’i faut se méfier de l'eau qui dort et surtout il veut garder le respect de son peuple, la clé de la crise actuelle du politique. Qui respecte encore François Hollande? Plus grand monde. En deux jours, ses détracteurs comme ses proches se sont lâchés. Ni Le Maire, ni Sarkozy, bien sûr, ni Wauquiez, Bartolone, Filoche, ni Mélenchon ou Collomb, ni même Valls n’ont plus de respect pour lui. Et ils le disent. Or, un président de la République qui n’est plus respecté, surtout par son propre camp, ne remplit plus sa fonction. Puisque, sans respect, il n’y a plus d’autorité possible… et ça, Mohamed VI n’en veut pas.