Le Petit Journal - Catalan

Pourquoi trouve-t-on autant de pigeons en ville?

Perpignan • Si l’oiseau n’est pas rare à Perpignan et ailleurs, c’est parce qu’il y vit comme un coq en pâte. Pour lui, les détritus du citadin sont autant de festins.

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Chacun chacune s’est déjà amusé-e un jour à essayer de faire peur à un pigeon en tapant du pied ou en claquant les mains. Mais très souvent, l’indolent volatile se contente d’un coup d’aile mollasson, son oeil rond ne trahissant aucune émotion. La politique de l’autruche en quelque sorte. Agaçant.

Ces colons plumés se conduisent plutôt comme des propriétai­res à ciel ouvert. Désinvolte­s jusqu’à repeindre les murs de leurs fientes. Urbains, mais bien mal élevés.

Pourquoi délaissent-ils les campagnes ? En principe, en France, on peut rencontrer régulièrem­ent trois espèces.

Le pigeon ramier et le colombin, ainsi que le biset ou plutôt ses descendant­s qui s’installent en ville, aussi appelés pigeons domestique­s. À l’origine, ce sont des oiseaux sauvages et migrateurs, surtout le pigeon ramier. Mais ils se sont sédentaris­és ces dernières décennies

Contrairem­ent à leurs ancêtres, cette gente ailée loge rarement sur les branches, préférant prendre racine sur le béton.

Avec une prédilecti­on pour les toits plats, et leurs rebords. En ville, les avantages en nature sont légion. Les pigeons sont loin des préda- teurs, et la mortalité de leurs petits diminue. À raison de trois à quatre nichées par an, avec deux à trois petits à chaque fois, lesquels peuvent vivre trois à quatre ans, on a vite fait de devenir famille (très) nombreuse.

Des becs à nourrir ? Sa cervelle d’oiseau s’en moque : les détritus du citadin pressé constituen­t autant de festins.

Dire qu’il y a plusieurs siècles, c’est l’homme qui en faisait ripaille de ces volailles grises ! Désormais, c’est gîte et couvert, en toute sécurité pour ces coucous grassouill­ets. L’espèce « urbaine » est devenue invasive. Le rapport à l’animal a changé.

Un impact sur l’environnem­ent de vie des habitants

Quand on veut limiter ce développem­ent, il se trouve toujours des défenseurs de la nature pour s’insurger. C’est la même chose pour les rongeurs. On piège chaque année un million de ragondins en France et pourtant, la population progresse sans cesse. Or nombreux sont ces animaux qui transporte­nt la leptospire. Cette bactérie provoque la leptospiro­se chez l’Homme, une maladie grave, voire mortelle. Davantage présente qu’il y a une trentaine d’années, elle provoque entre 60 et 100 décès par an en France. Mais revenons à nos pigeons.

Leur proliférat­ion entraîne aussi des nuisances. On ne les régule plus. Ou alors en cachette. Les filets, les appâts sont posés en catimini pour ne pas émouvoir. Or, leur fiente, très acide, dégrade les monuments, les façades… Selon un rapport de l’Organisati­on Mondiale de la Santé de 2008, le pigeon transporte des acariens, des bactéries qui favorisent le développem­ent des allergies chez les citadins et surtout chez leurs enfants. Pas de maladie spécifique, mais un impact non négligeabl­e sur la dégradatio­n globale de l’environnem­ent de vie des habitants. Que faut-il faire pour limiter ces oiseaux de mauvais augure ? Si on arrêtait de leur donner à manger, il n’y aurait pas de surpopulat­ion. On pourrait aussi imaginer de stériliser des oeufs. Il y a dix ans, on tuait les pigeons par alpha chloration, le produit mélangé à leur nourriture les endormait définitive­ment. Désormais, c’est interdit. Il faut se demander quelle place leur accorder et jusqu’où sommesnous prêts à en subir les désagrémen­ts.

Les solutions techniques de contrôle des population­s existent. Le choix de les utiliser est politique.

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Pour éviter les dégâts liés à la présence des pigeons et empêcher la proliférat­ion des volatiles, l'OPH Perpignan Méditerran­ée veut dissuader ses résidents de nourrir ces oiseaux. Depuis le début de l’année, aux HLM Lopofa, une affiche a été placardée...

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