Le Petit Journal - Catalan

La Gauche paye le prix d’un quinquenna­t cahin-caha

Parti Socialiste • Manuel Valls part favori pour obtenir l’investitur­e du Parti socialiste. Mais il est loin de faire l’unanimité et la primaire de janvier s’annonce rude. Voire dévastatri­ce.

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François Hollande a choisi le thème du rassemblem­ent pour expliquer sa renonciati­on. C’est très malin, et pas gentil du tout pour son successeur (non) désigné Manuel Valls, car on va s’apercevoir que le Premier ministre ne rassemble pas plus que le Président. Et que personne, à gauche, ne fait mieux. Valls a la base, mais pas le sommet Certes, Valls a de forts soutiens parmi les sympathisa­nts et les membres du PS. Les sondages en témoignent. Mais l’appareil et les personnes d’influence à gauche sont loin d’être acquis au Premier ministre. Martine Aubry, ainsi que Christiane Taubira, étaient prêtes à faire la paix avec le Président et à le soutenir dans une nouvelle bataille électorale. L’opération était d’ailleurs en cours à Bondy, le 26 novembre, quand Claude Bartolone est venu tout mettre par terre en appelant à une primaire Valls-Hollande.

Aujourd’hui, on imagine mal Aubry et Taubira se rallier à l’hôte de Matignon.

Le côté Clémenceau de Valls, au garde-à-vous devant le drapeau, hérisse toute une gauche qui n’aura de cesse de lui mettre des bâtons dans les roues.

De nombreux hollandais, quant à eux, en veulent au Premier ministre d’avoir agi publiqueme­nt pour dissuader le Président de se représente­r. Certains, comme Jean-Pierre Mignard, ami intime du Président, ont annoncé qu’ils aideront… Emmanuel Macron.

Macron haï par les orthodoxes Mais celui-ci n’est pas mieux loti que Valls. Il est certes bien plus proche de la gauche du PS dans le domaine libertaire (anti-jacobin, multicultu­ra- liste assumé), mais son libéralism­e économique le fait haïr par les socialiste­s orthodoxes.

Or, Macron vient de la banque Rothschild et est à l’origine de tous les virages du quinquenna­t vers le social-libéralism­e, soit en tant que secrétaire général- adjoint de l’Élysée (et conseiller économique du Président), soit en tant que ministre de l’Économie. Le CICE, le Pacte de responsabi­lité, c’est lui… Ça, Martine Aubry ne l’oubliera pas.

Qui alors pour rassembler la gauche ? Arnaud Montebourg est à l’opposé de la ligne suivie par le gouverneme­nt. Il a été démissionn­é avec fracas, en août 2014. Et les frondeurs ont dressé, pendant la quasitotal­ité du quinquenna­t, des barricades sur le chemin de l’exécutif. Ils sont allés jusqu’à tenter, à deux reprises, de déposer une motion de censure contre le gouverneme­nt.

On leur souhaite bon courage pour se faire pardonner.

Les « gauches irréconcil­iables » La primaire de droite a vu s’affronter des personnali­tés, des styles et des dosages, plutôt que des lignes politiques, finalement très semblables. La primaire de gauche additionne­ra deux sources de clivage : des personnali­tés affirmées et individual­istes, ainsi que des programmes opposés sur le fond.

Manuel Valls a parlé en février de « gauches irréconcil­iables », deux mots qu’il essaie de gommer des mémoires depuis qu’il est candidat à la candidatur­e. Il a tort : il faut toujours se fier à sa première analyse. Il y a bien deux gauches irréconcil­iables en France. Et peut-être plus. La primaire peut donner l’occasion de régler enfin les comptes entre ces gauches qu’un dénommé Hollande a tout fait pour maintenir dans un consensus mou de façade, d’abord en tant que Premier secrétaire du Parti socialiste, puis en tant que Président de la République.

Le scrutin de fin janvier peut préparer dans cette optique une recomposit­ion pour l’avenir. En revanche, il est peu probable que la primaire facilite un rassemblem­ent autre que factice pour la présidenti­elle 2017.

Hollande pourra dire : « Je n’ai pas su rassembler. Mais vous non plus. » Et peut-être espère-t-il qu’on revienne le chercher.

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Bientôt un catalan à la tête de l’État ?

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