Une campagne qui oublie l’essentiel
Jamais campagne électorale n’aura été aussi imprévisible : les programme ont été relégués au second plan et on ne sait même pas qui sera finalement candidat. François Fillon le restera, vraisemblablement, mais Yannick Jadot ou François Bayrou laissent planer le doute sur leur participation ou non à la course finale. Ce sont donc des centaines et des centaines de milliers de voix qui sont dans l’attente de savoir où elles pourraient se poser. Une incertitude qui se ressent dans l’opinion, désorientée par le tour que prend la politique en France et déboussolée devant le charivari du reste du monde. Comme s’il n’y avait plus de repères.
La réalité du Pénélopegate, après bientôt trois semaines de tohu-bohu, conduit de nombreux militants de la droite à répliquer en interrogeant: «Qui n'a pas triché ?» Non seulement ce serait admettre que François Fillon aurait triché, ce qui n'est pas encore prouvé, mais cet épisode renvoie à un débat désormais récurrent, celui sur les conflits d'intérêts, la corruption et le trafic d'influence. Comment y remédier définitivement ?
Ainsi, l’exigence de transparence a franchi un nouveau palier. Après François Fillon, c’est Emmanuel Macron qui ce dimanche s’est senti contraint de détailler en partie son patrimoine dans les colonnes du Journal du dimanche , pour expurger sans doute son passé de banquier d’affaires. Et nul doute que la pression sera forte sur les autres candidats à l’élection présidentielle. Ces demandes ne sont certes pas aberrantes. Surtout après la «République exemplaire» de François Hollande, qui s’est perdue dans les désillusions du scandale Cahuzac, d’un coiffeur personnel payé 9000€ par mois, d’un voyage en jet pour aller voter à Tulle ou voir un match de foot en famille…
Mais elles sont le symptome d’une France coupée en deux, non pas entre la droite et la gauche, non pas entre les riches et les pauvres, mais entre catégories favorisées et catégories populaires, entre gagnants et perdants de la mondialisation ou, pour dire les choses plus concrètement, entre la France des diplômés et celle des sans diplôme.