L’Europe mise au défi de l’action
Sur le point d’être totalement défait sur le terrain, de l’Irak à la Syrie, Daech active les cartes qu’il possède encore, à savoir les cellules dormantes de ses réseaux terroristes. Ils se retrouvent dans le cas espagnol parmi les immigrés de la deuxième et troisième générations qui ne se sentent ni Espagnols ni Marocains, et qui trouvent dans l’islam radical une réponse à leur quête identitaire.
Ces attentats sont ainsi une façon pour l’organisation de l’État islamique de faire passer au second plan son effondrement. Un pare-feu, un écran de fumée. Sur le terrain, Daech vit en effet ses dernières semaines, ses derniers mois peut-être. Alors il lui faut mordre, le plus cruellement possible, tant qu’il le peut encore. Pour ne pas se faire oublier. En Occident donc, mais aussi en Afrique où de jeunes paumés fanatisés servent de chair à canon. Ces actions visent à semer le chaos et à entretenir encore un peu l’aura de l’un des mouvements les plus meurtriers et sanguinaires de ces dernières décennies.
Difficile en effet de ne plus voir que les islamoterroristes ont déclaré la guerre non seulement aux puissances occidentales, mais à tous les «mécréants», de Bagdad à Manchester, en passant par Tunis ou Ouadougou.
Dans le miroir que lui tendent les affreux attentats de la semaine passée, l’Espagne, inexplicablement préservée jusqu’alors, se découvre base arrière, planque muette, atelier clandestin de cet usinage de mort à destination du continent tout entier. Le carnage de la gare d’Atocha au printemps 2004 avait entrouvert une page que l’on avait cru presque aussitôt refermée. A tort. Dans l’intervalle, les réseaux se sont démultipliés, prospérant à l’étouffée.
Face à une menace qui vise délibérément l’Europe dans son ensemble, la réponse se doit d’être européenne. Certes, la coopération entre les services de renseignement nationaux a progressé par la force des choses. Mais on est encore très loin d’une mise en commun des forces.