Quel avenir à l’extrême gauche
Il le sait bien, Pierre Laurent, que le PCF est perçu comme ringard et qu'un très grand nombre de ceux qui auraient pu être ses électeurs ont pris la tangente du côté de chez Mélenchon. D'où l'appel à une «révolution» interne, assorti d'un énième coup de griffe contre le leader des Insoumis.
La fâcherie a comme cause un désaccord stratégique on peut même dire existentiel profond. Mélenchon et les siens ont envoyé le message suivant à la gauche de la gauche: « Fini les vieux appareils»! Le « Dégagisme». Le PCF n'est pas prêt à s'immoler sur cet autel.
Jean-Luc Mélenchon aime les communistes. Mais pas leur dirigeant. Pierre Laurent aime les Insoumis. Mais pas leur chef. Il faut voir dans leurs joutes verbales, une véritable guerre de succession. Qui, pour reconstruire sur les ruines de cette gauche contestataire qui a perdu sa voix? Jean-Luc Mélenchon semble avoir une longueur d’avance.
La Fête de l’Huma était l’occasion pour Pierre Laurent de se rappeler au bon souvenir des électeurs. Mais aussi des sympathisants de la gauche contestataire, qui l’ont sans doute quelque peu effacé de leurs tablettes.
Ainsi du grand chambardement initié par Emmanuel Macron émerge Jean-Luc Mélenchon en leader charismatique de la gauche radicale et, au-delà, de tous les réfractaires au libéralisme économique.
« Il est dans une logique de provocation», accuse Jean-Luc Mélenchon (dans Marianne) à propos du chef de l’État. il lui reproche sa « violence verbale». On dirait qu’il parle de luimême. Depuis sa campagne présidentielle, n’at-il pas multiplié les provocations? L’étonnant est qu’Emmanuel Macron persiste malgré les sondages qui le donnent en baisse. Pourquoi ? Mélenchon a une «fragilité», diagnostiquait naguère François Mitterrand en lui décernant un brevet d’éloquence : il se laisse griser par son propre discours.
Bénéficiant d’une couverture médiatique exceptionnelle, Mélenchon s’y voit déjà. Pour le plus grand bonheur d’un Emmanuel Macron qui a trouvé là un «hyper-opposant» hyper utile, du fait de ses outrances, dans le rôle de l’épouvantail social et du dynamiteur de la gauche.