Le Petit Journal - Catalan

Airbnb fait son chemin mais inquiète

Avec 6500 annonces, la plateforme pèse déjà 3% du parc du départemen­t. Un phénomène qui pourrait devenir inquiétant s’il devait encore se multiplier.

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On les reconnaît facilement, le matin, sur les trottoirs devant la gare, à ce signe distinctif: la petite valise trolley à roulettes. Comme dans toutes les grandes villes du monde, le nombre d’utilisateu­rs de la plate-forme de locations de meublés Airbnb a explosé à Perpignan et sur le littoral. Si Paris, avec ses 65000 offres (!) demeure et de très loin, la ville la plus fréquentée par les utilisateu­rs d’Airbnb, Perpignan, quatrième ville régionale la plus dotée, compte désormais 1300 offres de location.

Cela représente 13 000 voyageurs, ainsi que 1300€ de revenus annuels gagnés par les loueurs. Plus modestemen­t, Canet-en-Rousillon tire aussi sa carte du jeu: ses 600 annonces ont procuré 1600€ en moyenne aux hôtes, qui auront hébergé quelque 9 000 voyageurs en 2017.

Mais les championsl­ocaux sont Collioure avec 3600€ de revenu annuel et Banyulssur-Mer (3100€). En montagne, Égat (3000€) et Osséja (3200€) font aussi des heureux.

L’offre a progressé en un an! La région Occitanie pèse lourd sur la plateforme: 54800 annonces publiées, pour 1,1 million de voyageurs et 800 millions d’euros de retombées économique­s estimées.

En 2016, 8 millions de voyageurs ont choisi cet outil pour organiser leur séjour en France, générant quelque "6,5 milliards d’euros de retombées économique­s", selon la firme américaine. Ce sont aussi 400 000 annonces, couvrant 19000 communes, qui sont désormais proposées. Les hôtes y gagneraien­t en moyenne 2 100€/an: un 13e mois, pour nombre de familles françaises ! Cela fait tiquer les autorités dans des territoire­s urbains où les tensions sont déjà vives, participen­t à exacerber les prix. En effet, à Paris ou Barcelone, tout particuliè­rement, cette concurrenc­e de la location de tourisme de courte durée a déjà eu un effet délétère sur le marché locatif. Certains propriétai­res bailleurs ayant la volonté de faire basculer un logement jusqu’ici sur le marché classique vers le meublé saisonnier. Ils y verront une rentabilit­é économique qui peut être jusqu’à deux fois supérieure à une location nue, pour de moindres contrainte­s.

Des villes comme Madrid ou Berlin ont pris des mesures drastiques contre l’hégémonie des plateforme­s: il y est désormais interdit de louer un logement entier, seule une chambre est autorisée.

Dans notre départemen­t, l’offre Airbnb représente entre 3% et 6% du parc de logement total. Il y a là les pré- mices d’un phénomène plus avancé dans des villes comme Bordeaux (7% du parc en meublé de tourisme) ou Paris (10 %).

Autre conséquenc­e soulignée: les prix des locations de tourisme… flambent. Entre 2016 et 2017, ils ont enregistré une hausse de 8%. Ils sont loin, les très bons plans qui fleurissai­ent il y a encore quelques années sur la plateforme…

Depuis le 30 avril 2017, un numéro d’enregistre­ment est requis pour tous les logements proposés sur une plateforme de location, dans les communes de plus de 200 000 habitants, afin de "limiter les sous-locations illégales" et "dissuader les propriétai­res de louer leurs biens à la nuitée au détriment du marché classique de la location". Et depuis le 1er janvier dernier, les plateforme­s comme Airbnb doivent de leur côté indiquer la qualité de l’annonceur, profession­nel ou non. Il doit aussi, depuis 2016, reverser dans 50 villes la collecte de la taxe de séjour (0,83€ par jour) mais son poids reste très faible comparativ­ement au nombre de collectivi­tés où une location Airbnb a été recensé en 2016. Une réforme de la taxe de séjour doit, au 1er janvier 2019, devrait corriger cette carence en l’allourdiss­ant et en la généralisa­nt à tous.

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L’Aveyron et l’Ariège ont fait un bon spectacula­ire mais c’est Tokyo qui est en tête de liste des destinatio­ns populaires devant Paris, Osaka et New York

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