Une équation difficile à résoudre
Les uns après les autres, les gouvernements présentent des plans de réduction des effectifs dans la fonction publique. On peut remonter au moins à la Révolution française et on trouve des débats de cette nature sous l’Ancien régime. Sous la Ve République, on en parle à la fin des années 1970, mais c’est surtout à partir de Nicolas Sarkozy que la question a pris de l’ampleur avec la révision générale des politiques publiques (RGPP).
Le but est bien sûr de réaliser des économies. Les dépenses de rémunération (traitement plus pension, Ndlr) des agents représentent 23% de ce total. Les dépenses sociales de transfert, comme l’assurance-maladie ou chômage, 58 %. Derrière tout cela, le vrai problème, c’est un peu le modèle français. La fonction publique est une variable d’ajustement.
Cela paraît plus simple de réduire ses effectifs que d’annoncer une baisse des prestations ou une hausse des cotisations retraite. C’est aussi une façon d’envoyer un signal : le pouvoir applique une politique d’inspiration libérale.
La fonction publique représente environ 40 % des ménages fran- çais et cette proportion est stable depuis une bonne vingtaine d’années.
Le plan de départs volontaires devrait marcher surtout auprès des agents seniors. Dans la fonction publique d’État, en moyenne 30 % des agents ont plus de 50 ans. Dans la territoriale, le pourcentage est plutôt de l’ordre de 40 %.
En fonction de ce que proposera Édouard Philippe, il se pourrait qu’un certain nombre d’agents arrivant vers les 60 ans choisissent de partir avec une ou deux années d’avance.
Hausse de la territoriale
Entre 2005 et 2015, l’emploi de la territoriale a augmenté de 1,7% et ceux de l’hospitalière de 0,9%.
Sur une période plus longue, la progression des postes est beaucoup plus spectaculaire, notamment en raison du boom des recrutements dans la territoriale, après les lois de décentralisation. En 1980, les effectifs cumulés des trois fonctions publiques atteignaient 3,86 millions de personnes. En dépit de ces recrutements massifs, l’idée que la France devait réduire la voilure a constamment gagné du terrain, sous la pression de plus en forte des contraintes budgétaires. Pour mémoire, François Fillon avait annoncé vouloir supprimer 500 000 postes en cinq ans, soit environ 10 % des effectifs totaux.
La mise en place de la révision générale des politiques publiques (RGPP) a toutefois marqué une rupture avec les politiques précédentes de réforme de l’État. Engagée en 2007, au début du quinquennat de Nicolas Sarkozy, l’opération prévoyait le non-remplacement d’un fonctionnaire de l’État sur deux partant à la retraite.
Entre 2008 et 2012, 150 000 emplois auraient ainsi été supprimés mais pas uniquement par le biais de ce programme. Fin 2012, cette RGPP a été remplacée par la Modernisation de l’action publique (MAP) qui se voulait plus douce que la réforme précédente mais qui visait, elle aussi, à dégager de nouvelles économies.
Les créations de postes dans l’éducation, les armées, les forces de l’ordre et au ministère de la Justice ont toutefois fait repartir à la hausse les effectifs dans la fonction publique en 2016 après deux années de stabilité.
Cette fois encore, selon le gouvernement, l’éducation, la police, et la santé pourraient échapper au couperet