Où sont passés les oursins violets ?
Les oursins comestibles pêchés en Bretagne occupaient autrefois une large place sur les étals des poissonniers. Leurs populations se sont effondrées même si la Méditerranée reste la principale productrice
La vie toujours invente. Pauvres humains à la symétrie tout juste bilatérale, laissons-nous émerveiller par les échinodermes (6.500 espèces, dont les étoiles de mer), seuls êtres vivants à avoir développé une étonnante symétrie à cinq côtés bien visible sur leur squelette composé de plaques où viennent s’ancrer divers éléments mobiles.
Mais il y a oursin et oursin : lorsque la bouche ventrale et l’anus dorsal sont centrés, on a affaire à un oursin régulier vivant plutôt en milieu rocheux, tel l’oursin violet ; les oursins de sable sont de forme irrégulière, tel « l’oursin-coeur ».
Razzia sur l’oursin
Il fut un temps, au début du XXe siècle, comme en témoignaient les scientifiques, où les oursins violets étaient « énormes et en quantité », « presque contigus » dans le fond des flaques du littoral rocheux de la côte Vermeille. L’exploitation commerciale, commencée au début du XXe siècle, s’est étendue rapidement à toutes les zones rocheuses et a réussi en une cinquantaine d’années à détruire la quasi-totalité des gisements.
Là où les engins de pêche n’arrivaient pas à passer, la pêche à pied, les plongeurs et les polutions ont fait disparaître presque tout ce qui restait (mais on trouve encore l’espèce dans des zones plus profondes ou protégées).
Une fois de plus, le rêve d’une mer inépuisable ou en mesure de réparer indéfiniment les erreurs des hommes s’est effondré et le point de non-retour a été dépassé en de nombreux endroits.
Il est important de souligner que la provenance des oursins est essentiellement issue de la capture dans le milieu naturel, les méthodes d'aquaculture en milieux clos restant aujourd'hui marginales et balbutiantes.
Sur les jetées, l’oursin violet occupe les cuvettes rocheuses ainsi que les failles avec ruissellement dans les pointes rocheuses exposées à la houle.
Dans certains cas, l’absence de certaines espèces, tel l’oursin violet, là où elles étaient présentes autrefois donne une meilleure connaissance de l’érosion de la biodiversité. De même, la présence d’espèces exotiques est aussi à relever.
Il est avéré que la surpêche est un facteur impactant les populations d’oursins à travers le monde ; c’est le cas en Méditerranée pour l’oursin violet. En effet, sa ressource- sur les côtes méditerranéennes françaises connaît un scénario similaire aux autres grands pays producteurs, avec un fort développement de l’activité de pêche entre les années 1950 et 1970, suivi d’un déclin des stocks. Les mesures de gestion de la ressource n’ont été prises que tardivement et la stratégie de gestion n’a pas permis d’endiguer l’effon- drement des stocks.
A celà il faut penser à l’épisode de maladie dit de « l’oursin chauve » qui a eu lieu en Méditerranée nordoccidentale (Espagne, France, Italie, Croatie), entre la fin des années 1970 et le début des années 1980 a provoquée des mortalités massives en certains endroits où les densités d’oursins étaient très importantes.