Liberté, j’écris ton nom
Face au piteux terroriste de l’Aude, lorsqu’un personnage aussi vaillant et lumineux que le lieutenant-colonel Arnaud Beltrame se dresse au prix de sa vie, on peut poser la question : «haine, où est ta victoire ?» les combattants de la liberté paraissent toujours démunis dans un premier temps. Mais l’incarnation authentique des valeurs de la République, celles d’un monde apaisé, fraternel, qui respecte les croyances, comme la non-croyance de tous les citoyens d’un même pays, d’une même humanité, sera toujours plus forte que la fureur mortifère des assassins bornés, voués d’ailleurs à leur propre autodestruction.
Même privé d’une base arrière, d’un commandement logistique, l’ennemi reste opérationnel car il est d’un genre nouveau. Le groupe Daech a inventé une sorte de franchise de la terreur où il ne fait que fournir un outil de propagande idéologique dont n’importe qui peut s’emparer en montant sans grand frais sa petite entreprise terroriste, avec quelques armes et la rage suicidaire procédant d’une radicalisations accélérée.
Ainsi, plusieurs des terroristes français ayant opéré dans l’Hexagone, à l’instar de celui abattu à Trèbes, n’avaient jamais fait le voyage en Syrie. Il s’agissait d’un banal petit voyou, l’un des 4000 « fichés S » suspects de radicalisation islamiste, qui ont grandi dans des cités, souvent connu la prison. L’hypothèse émerge qu’au cours des mois précédant leur action, ils cesseraient toute activité illicite repérable afin de relâcher la surveillance autour d’eux. Les forces de l’ordre sont leur cible numéro un, et ils sont déterminés à mourir.
Dans cette noirceur, des faisceaux d’espoir apparaissent encore car la France n’est pas seulement habitée par un sentiment d’horreur. L’acte de bravoure du lieutenant-colonel Beltrame, qui a pris la place d’une otage, symbolise bien l’engagement, au péril de leur vie, de toutes les forces françaises de sécurité contre le fanatisme. L’hommage public des élus de tous bords, du président de la République mais aussi de milliers d’anonymes sur les réseaux sociaux, est rassurant quant à l’état d’esprit de la société française en matière de lutte contre le terrorisme. Et le réconfort que nous offre Arnaud Beltrame mérite assurément qu’on puisse mettre un visage sur son nom.