Une marée noire est-elle possible en Méditerrannée ?
40 ans après le drame de l’Amoco Cadiz
Il y a 40 ans, en mars 1978, se produisait en Bretagne la pire marée noire que l’Europe ait connue et l’une des plus grandes catastrophes écologiques de tous les temps. En panne d’appareil à gouverner alors que la tempête fait rage (vents de force 8 à 10 et creux de 8 mètres), le pétrolier libérien Amoco Cadiz s’échoue sur des récifs et répand sa cargaison de 227 000 tonnes de pétrole brut, sur près de 340 km de côtes. Symboles de ce drame, des dizaines de milliers d’oiseaux de mer périssent, englués dans cette masse sombre et visqueuse, tandis que 7 500 sauveteurs reste- ront mobilisés pendant de longues semaines pour tenter de nettoyer les 90 sites les plus touchés. Toute l’industrie ostréicole et conchylicole locale, mais également la pêcherie et le tourisme pâtiront pendant des années des conséquences de l’accident et il faudra près de sept ans pour que les dernières traces de la catastrophe s’estompent enfin. Mais l’Amoco Cadiz allait surtout constituer un électrochoc, en France et dans le monde, révélant les énormes failles de sécurité que connaissait à l’époque le transport maritime mondial, notamment celui des matières dangereuses ou polluantes. L’analyse des circonstances de l’accident devait en effet démontrer des manquements majeurs : ce jour là, les erreurs et contretemps vont en effet se multiplier, malgré l’urgence de la situation. Alors que le temps passe et que le supertanker de 334m de long et 19,20m de tirant d’eau, se rapproche dangereusement de la côte, son commandant a d’abord du mal à joindre Amoco, l’armateur américain du navire, basé à Chicago.
Puis les négociations des contrats de remorquage s’éternisent et des désaccords apparaissent sur la façon d’extraire le navire de ce mauvais pas. Sans compter les incidents techniques qui se succèdent, à commencer par la casse de trois remorques.
De leur côté, les autorités françaises assistent impuissantes au drame qui se noue, forcées d’admettre que leurs moyens de secours maritimes sont largement sous dimensionnés, insuffisants ou indisponibles.
Quant aux moyens d’observation et de communication, leur absence ou leurs piètres performances ne leur ont pas permis d’évaluer l’exacte dimension de la catastrophe ni de prendre les mesures d’urgence qui s’imposaient.
Et même si, vingt ans plus tard, une nouvelle marée noire catastrophique consé- cutive au naufrage du pétrolier Érika, incitait les autorités à la prudence et l’humilité, les services de l’État se disent aujourd’hui en me- sure de gérer efficacement une telle crise… du moins sur la façade Atlantique mais qu’en est-il plus au Sud, dans cette mer fermée, extrême- ment fréquentée et donc particulièrement vulnérable qu’est la Méditerranée?
Il y a tous les ans des situations à risques qui se produisent