Mes enfants…
Ce n’est pas seulement le procès d’un haut responsable de la hiérarchie catholique qui s’est ouvert ce lundi à Lyon. C’est aussi celui de tout un système. Jugé pour ne pas avoir dénoncé des agressions sexuelles sur mineurs dont il avait eu connaissance, le cardinal Barbarin incarne aux yeux de l’opinion le silence, l’omertà, qui furent trop longtemps la règle au sein de l’Église en matière de crimes pédophiles.
Face aux accusations dont il fait l’objet, Mgr Barbarin peut légitimement faire valoir, comme cela a déjà été souligné, notamment dans les conclusions de l’enquête préliminaire, que les faits étaient prescrits. En conséquence que pouvait-il, lui, sinon faire oeuvre de guide pastoral et d’essayer, en conscience et face au jugement du Père, de prendre les décisions qui s’imposaient.
La hiérarchie catholique a certes pris conscience, ces dernières années, de la nécessité de rompre ce tabou ravageur. Mais elle continue de donner l’impression d’agir sous la pression et de proférer des paroles bienveillantes, quand les victimes attendent des actes forts. Au-delà de ce seul procès, une véritable radiographie de cette tumeur interne est nécessaire, afin d’établir ses causes, trouver les moyens d’éviter de nouveaux drames.
Pour autant le procès Barbarin a été rendu possible grâce en partie à la parole du pape François, mais surtout grâce à l’explosion de la demande de transparence qui interpelle à peu près tous les pouvoirs désormais. On voit mal comment l’Église aurait pu s’y soustraire, il ne doit plus y avoir de zone de non droit pour les directeurs de consciences.