La Sanch : une ferveur toujours actuelle
Vendredi saint, 3 heures. La cloche sonne le départ de la procession de l’église SaintJacques juchée sur les hauteurs de Perpignan. Les pénitents, les prêtres, l’évêque sont assemblés ici depuis le début d’après-midi pour se recueillir et régler les derniers détails de la procession. Les haut-parleurs diffusent les discours, l’hommage à Notre-Dame de Paris, l’histoire de la Sanch et de la confrérie fondée sous l’inspiration du dominicain valencien Vincent Ferrier en 1416. Comme le temps passe ! Au son des tambours voilés de noir et des chants religieux, les misteris se mettent en branle ; ils retracent les étapes de la passion du Christ. Omniprésence de la Vierge affligée venue des villages alentours comme Villeneuve de la Raho, Christ en croix, caparutxes… La beauté sombre des dentelles des pénitentes émaille la scène de douleur et de prière. La procession s’achemine par la ville, s’arrête à Saint-Mathieu puis à la Réal avant de rejoindre la cathédrale encore fermée. Celleci, bientôt, ouvrira ses portes et s’illuminera de cierges. Déjà, les compositions sophistiquées fleurissent les autels où trône la Vierge. Ces flammes qui se pressent devant les autels, ce sont les témoignages des visiteurs, les témoins de leur espérance aussi. Beaucoup d’émotion. Certains prient devant l’autel de la Vierge, d’autres parcourent la nef. On entend parler français et espagnol car nombre de visiteurs sont venus d’outre-Pyrénées ; ils déambuleront ensuite dans les ruelles du vieux Perpignan. Et dès la place Gambetta, devant la cathédrale, les boutiques se visitent. Les toiles catalanes remportent un franc succès, le bar à chats suscite la curiosité, les terrasses s’animent. La procession a repris le chemin de Saint-Jacques pour, déjà, songer à l’année prochaine. Mais le temps de la Passion est toujours présent, toujours vivant à travers les siècles, il ne fait que suspendre son vol.