Le malaise de l’École de la République
Une réflexion de Jean Paul martin directeur d’école à la retraite
«Lesenfantsontchangé!De montempsonn’ étaitpas commeça!» entend-on trop souvent. Je reste pourtant persuadé que l’enfant que j’ai connu sur les bancs de l’école à la fin des années 60, au début de ma carrière, est resté le même que celui d’aujourd’hui. En fait, c’est le regard qu’on lui porte, en particulier dans le cercle familial qui est totalement différent. 1975 a été l’origine de ce changement radical. La loi Veil sur l’IVG a permis aux femmes françaises de devenir maîtresses de leur corps et surtout de leur avenir. Ne pensez pas que je sois contre cette belle Loi, car avant cette date on faisait des enfants bien souvent quand on ne le souhaitait pas et cela a souvent entraîné des drames, mis fin brutalement à des carrières féminines qui s’annonçaient brillantes. Aujourd’hui, les femmes devraient pouvoir choisir quand elles veulent « un » (car les familles nombreuses ont disparu !) enfant et celuici deviendra vite le centre familial. L’enfant roi est adulé, comblé, très tôt on veut en faire un petit adulte qui décide pour lui et pour les autres et bien souvent, c’est lui qui régit la maison et ne connaît aucun interdit. Pourtant la pédagogie nous enseigne que l’enfant ne peut se structurer que devant les barrières de l’interdit et qu’il doit obligatoirement franchir des seuils que Freud et Jung ont largement décrits. Il faut qu’il apprenne rapidement à trouver ses limites, elles formeront les bases de la vie en société. Car ce qui peut se passer à la maison ne peut être accepté à l’école ni dans la rue. Et quoi qu’en disent certains, la « fessée pédagogique » est parfois nécessaire avant que l’impunité n’emmène le futur adulte devant un tribunal. L’école est ce que Philippe Meirieux (1) appelle le lieu où «lemaîtreconstruitourétablit un cadrestructurant» .