Le Petit Journal - Catalan

Le fléau des campagnes

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Ne pas pouvoir vivre de son travail : voilà la pire des situations que peut connaître un agriculteu­r. Mais c’est malheureus­ement le cas trop souvent pour cette profession malmenée par des crises à répétition et dont les produits sont rarement achetés à leur juste valeur. D’où ce mal-être grandissan­t dans les campagnes. Surendette­ment, surcharge de travail, précarité financière, pression des créanciers, isolement, stress des contrôles administra­tifs : certains n’arrivent plus à s’en sortir et des idées suicidaire­s peuvent s’installer dans les têtes. La profession agricole est durement touchée par ce fléau.

Premier constat : les difficulté­s rencontrée­s par les agriculteu­rs ne sont pas que financière­s.

Des problèmes de couple ou de mésentente entre associés peuvent aussi plomber une exploitati­on, les structures sociétaire­s s’étant fortement développée­s dans le monde agricole. La problémati­que est d’autant plus complexe qu’en agricultur­e, la sphère profession­nelle et la sphère privée sont étroitemen­t imbriquées.

Autre constat : il n’y a pas de profil type. Tout le monde peut être touché par les difficulté­s, quels que soient l’âge et la date d’installati­on. Les jeunes agriculteu­rs ne sont pas épargnés.

Les projets d’installati­on sont montés, la plupart du temps, sur des prévisions de prix, de volumes et de performanc­es élevées. Sauf que les choses ne se passent pas comme prévu.

Les projets sont construits collective­ment entre l’agriculteu­r, la banque, la Chambre d’agricultur­e, le centre de gestion, le groupement de producteur­s, le vendeur de bâtiment ou de matériel. Mais l’agriculteu­r se retrouve seul à devoir assumer les difficulté­s.

Autre constante : en cas de difficulté­s, la machine a tendance à s’emballer, enfonçant encore plus l’agriculteu­r endetté. Ainsi des coopérativ­es et certains fournisseu­rs pratiquent des taux d’intérêt pouvant aller jusqu’à 18 % et les banques imposent des pénalités très importante­s.

Peut-être que le film « Au nom de la terre » sorti la semaine dernière sur les écran permettra de faire prendre conscience de la réalité du quotidien des agriculteu­rs et aussi d’ouvrir le débat.

 ??  ?? Dans «Au nom de la terre» avec une retenue impression­nante pour un sujet si intime, il ne se retranche pas derrière des artifices pour montrer la souffrance de tout un clan. Guillaume Canet a construit un personnage de paysan crédible dans le travail puis dans ses états d’âme.
Dans «Au nom de la terre» avec une retenue impression­nante pour un sujet si intime, il ne se retranche pas derrière des artifices pour montrer la souffrance de tout un clan. Guillaume Canet a construit un personnage de paysan crédible dans le travail puis dans ses états d’âme.

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