LES AMIS POISONS

Chaque début d’année, notre groupe de nt (mais il ne disait pas lequel aurait mieux convenu). D’ailleurs notre ville ringarde n’était habitée que par des minus... Notre amie Mathilde est venue s’asseoir en face de lui et a commencé à lui parler. Il n’était pas question pour elle qu’il gâche le plaisir que nous avions, chaque année, à nous revoir au complet. Qu’il ne se rendait pas compte que ses anciennes relations le fuyaient comme la peste. Qu’il en était à son troisième mariage car, malgré son train de vie fastueux, il faisait vivre l’enfer à son entourage. Que ses enfants ne voulaient plus le connaître. Qu’alors qu’il pensait être le prototype du succès, il avait raté l’essentiel et que s’il continuait dans cette voie il finirait sa vie dans la plus grande et amère solitude. Et là cet homme imposant (il pèse plus de 120kg), habillé princièrement chez le plus grand couturier parisien, s’est transformé en gros bébé. Il s’est mis à pleurer en utilisant toutes les serviettes de la tablée pour éponger ses larmes. Avec Mathilde, ils ont alors prévu de se revoir le lendemain et nous avons passé ensuite une très agréable soirée, paisible et souriante.

Nous avons tous dans nos relations ce type de caractère. En le «mouchant» Mathilde lui a rendu service. Et à nous aussi. Cette prise de conscience durera-t-elle ? Rien n’est moins sûr. Mais tout le monde n’a pas la générosité de notre amie. En ce qui me concerne, dans ce genre de situation, je trouve mon salut dans la fuite !