Le Petit Journal - Catalan

Les cigognes ne migrent plus jusqu’en Afrique

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« À la Saint-Blaise, les cigognes prennent leurs aises. » Le dicton espagnol (traduit de manière un peu audacieuse pour la rime) est habituelle­ment annonciate­ur de la fin de l’hiver. Il évoque le retour des échassiers après une migration de quelquesmo­is enAfrique. Or, cette année encore, les oiseaux migrateurs n’ont pas attendu le 3 février pour revenir en Espagne. Et pour cause : en hiver, 80 % des cigognes blanches en âge stationnen­t désormais sur la péninsule ibérique, selon une étude de l’Ong Seo BirdLife.

Changement de stratégie migratoire «Dans les années 1960-1970, toutes les cigognes migraient sur des milliers de kilomètres jusqu’au Sahel.

Puis , les décennies suivantes, une partie restait en Europe. Avec nos dernières données, nous voyons bien qu’elles ont changé de stratégie migratoire : elles hivernent massivemen­t chez nous et leurs déplacemen­ts sont toujours plus courts », explique Ana Bermejo, coordinatr­ice du programme migration de l’Ong.

Grâce à des dispositif­s Gps, Seo BirdLife a suivi pendant sept ans les déplacemen­ts de 79 cigognes blanches dont les nids sont installés en Espagne et en Europe centrale. Le résultat est édifiant : alors que les jeunes suivent leur instinct et continuent de faire le trajet, la majorité des adultes ne se risquent plus dans d’épuisants voyages à travers la Méditerran­ée et le désert. Le climat leur permet de rester dans le sud de l’Europe toute l’année. « Elles se sont surtout habituées à manger dans les décharges où nous jetons en permanence des quantités de nourriture, analyse Ana Bermejo. Les dégâts de l’homme sur l’environnem­ent ont perturbé l’habitat des cigognes, qui se sont adaptées. » Il est désormais courant de voir, en hiver, ces oiseaux au plumage blanc et noir, le bec planté au milieu des détritus en périphérie de Madrid, Séville ou Cadix (Andalousie).

Ce qui n’est pas sans risques. « Elles peuvent s’y intoxiquer ou ingérer despetits morceaux de plastique », poursuit l’écologiste. À l’instar des cigognes, elle note un changement de comporteme­nt chez d’autres espèces migratoire­s à cause des activités humaines et du changement climatique. « On l’a récemment observé chez l’aigle botté, dont certains individus ne traversent plus le détroit de Gibraltar. »

Une sédentarit­é qui met en péril tous les dictons anciens sur les saisons.

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