Le Petit Journal - Catalan

«Être de droite, cela veut dire savoir que nous avons beaucoup à protéger»

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Vendredi 12 mars 2021, le député européen FrançoisXa­vier Bellamy était Toulouse, à l’invitation de la Fédération des Républicai­ns 31.

Une étape qui lui a donnée l’occasion de commémorer le drame survenu à l’école Ohr Torah, en rencontran­t la direction de cette école, avant d’échanger avec les élèves de Terminale sur les questions de radicalisa­tion et les difficulté­s d’enseigner aujourd’hui. En fin de matinée, il a participé à une conférence de presse aux côtés d’Aurélien Pradié, député et candidat tête de liste LR à l’élection régionale en Occitanie. Le député européen a ensuite conclu son déplacemen­t toulousain par une visite de l’entreprise Gentilin-Nexteam-Group, sous-traitant d’Airbus, pour évoquer les difficulté­s économique­s liées à la crise sanitaire et le plan de relance européen..

Le Petit Journal : Est-ce la première fois que vous venez à Toulouse ?

François-Xavier Bellamy:

Non, à titre personnel j’aime beaucoup cette ville. J’étais venu lors de la campagne pour les élections européenne­s. Nous avions fait une très belle réunion publique avec Laurence Arribagé, et c’est pour prolonger cette première visite que je reviens. À l’époque déjà nous avions visité un site d’Airbus et de sous-traitants pour travailler au soutien de l’Europe à l’industrie aéronautiq­ue.

Votre visite à Toulouse a commencé autour des questions de la radicalisa­tion et les difficulté­s d’enseigner. En France c’est un vrai sujet, qu’en est-il au Parlement européen ?

C’est une question qui concerne toute l’Europe. J’ai été très touché de pouvoir partager ce moment de commémorat­ion à l’école Ohr Torah. Ces attentats m’ont particuliè­rement marqué ; la communauté juive de ma ville, Versailles, a été directemen­t et terribleme­nt endeuillée par ce crime. Ce vendredi, je suis aussi venu comme professeur, car j’ai enseigné la philosophi­e pendant une douzaine d’années. J’ai eu l’occasion d’écrire sur ce qui s’était passé à Toulouse. Toute l’Europe est engagée dans ce combat car on voit bien que la montée de l’islamisme est un défi pour nos sociétés occidental­es. Je travaille pour mettre enfin un terme à la naïveté dont font preuve encore trop de responsabl­es politiques face à cette menace qui fracture nos sociétés. Cela fait des mois que la Commission européenne évoque des “extrémiste­s violents”, mais il faut nommer la menace par son nom ! Il faut se mobiliser contre l’islamisme, y compris pour préserver la communauté musulmane face à cette menace.

Parmi les autres sujets d’actualité, l’Europe occupe une place centrale dans la lutte contre l’épidémie de Coronaviru­s. Quel regard portezvous sur la gestion de l’épidémie ? Pensez-vous que l’Europe a bien joué son rôle dans cette crise ?

Il y a des choix qui ont été faits et qui peuvent être discutés, notamment ceux de négocier le prix des vaccins. Aujourd’hui, l’Union européenne n’est pas servie en premier dans la vaccinatio­n, contrairem­ent aux pays qui ont fait le choix de payer le prix fort. La Grande-Bretagne ou Israël par exemple ont payé le vaccin beaucoup plus cher et l’ont eu plus vite. Cela dit, en France, le vrai problème ce n’est pas la lenteur de l’Europe mais l’organisati­on, par le gouverneme­nt, de la vaccinatio­n. On a reçu en France beaucoup plus de doses que celles qui sont administré­es. Si nous sommes en retard et parmi les derniers, c’est parce que la logistique gouverneme­ntale n’a pas suivi. J’avais tiré la sonnette d’alarme il y a plusieurs mois en voyant l’Allemagne et d’autres pays construire des centres et des congélateu­rs spécialisé­s, alors que rien ne semblait se préparer en France. Malheureus­ement cette inquiétude était justifiée.

En France, comment jugezvous le plan de relance de l’activité mis en place par le gouverneme­nt ?

Tout d’abord, je tiens à dire que la réponse économique a été globalemen­t à la hauteur. On a vu l’Etat substituer le chômage partiel à la perte d’activité, ce qui était une réponse de court-terme nécessaire. Je reste très préoccupé par la situation des indépendan­ts et patrons de PME qui sont dans une situation de grande précarité. Maintenant, le plan de relance doit permettre de créer de l’activité économique. Il est très dangereux de dépenser beaucoup d’argent public si ces dépenses ne soutiennen­t pas l’activité des entreprise­s, avec une vraie stratégie industriel­le. C’est ce qui manque le plus, alors qu’il faudrait garantir aux génération­s futures une activité économique qui puisse dégager les revenus nécessaire­s au remboursem­ent des dettes immenses qui sont aujourd’hui créées.

Ce sont les Régions qui ont été désignées pour distribuer une grande partie de ces aides. Est-ce que selon vous cela a été fait correcteme­nt ?

Le plan de relance européen n’a pas encore été déployé. Les stratégies de chaque pays sont en cours d’examen, espérons qu’elles seront validées le plus rapidement possible. Je fais partie du petit groupe de députés qui va examiner ces plans de relance nationaux et nous ferons tout pour travailler dans les délais les plus serrés, pour que les plans se déploient aussitôt que possible pour les français.

Vous ne cessez de mettre en garde contre l’endettemen­t des génération­s futures. N’y a-t-il pas de bon endettemen­t ?

Il y a une dette nécessaire, qui consiste à investir pour préparer l’avenir. Mais depuis trop longtemps, la France charge son avenir d’une dette dangereuse. Le poids de la dette devient réellement inquiétant pour l’économie, pour notre indépendan­ce, et pour la marge de manoeuvre qui restera aux génération­s futures. Si nous sommes déjà surendetté­s, comment pourrontel­les investir et faire face aux crises futures ? Il faut renouer avec une exigence de sérieux pour retrouver sérénité et stabilité.

En tant que député européen, vous êtes l’un des plus fervents défenseurs du monde paysan face aux derniers accords de libreéchan­ge. Où en est-on aujourd’hui ?

Pour nous c’est un enjeu majeur, on l’a vu pendant cette crise. Il est essentiel que notre pays soit capable de produire des produits de première nécessité… Ce n’est pas possible d’en être réduits à mendier à la Chine des masques ou des protection­s pour les soignants. Il en va de même pour l’agricultur­e : les agriculteu­rs français nous permettent aujourd’hui d’être autonomes pour notre alimentati­on. Ils sont souvent exposés aux soupçons, à la critique et à la surveillan­ce des pouvoirs publics, alors qu’il faudrait au contraire leur dire qu’ils ont toute notre confiance et garantir que leur activité restera possible. Protéger notre agricultur­e est d’ailleurs un impératif écologique ! Il n’est pas normal, à travers le Mercosur, d’envisager d’importer des milliers de tonnes de viande alors que nos élevages sont de bien meilleure qualité ici ! Notre économie doit être plus respectueu­se de l’environnem­ent, et cela passe par le fait de consommer ce que nous avons à proximité et de réapprendr­e à produire ce dont nous avons besoin.

Que signifie être de droite aujourd’hui ?

Être de droite, cela veut dire savoir que nous avons beaucoup à protéger. Le plus important n’est pas de rêver de tout transforme­r, mais de prendre soin des biens essentiels que nous avons à maintenir. Être de droite, c’est se préoccuper de transmettr­e à nos enfants ce que nous avons appris : une culture commune, les conditions d’une économie prospère, d’une vie en sécurité pour tous, de la stabilité de notre société, en revenant par exemple à une vraie maîtrise de notre politique migratoire. La droite est une famille politique qui croit en la nécessité de protéger. Le Président de la République rêvait d’un nouveau monde ? À droite, il y a des gens qui veulent prendre soin du monde tel qu’il est, plutôt que d’en rêver un autre.

Un mot sur les élections régionales. Aurélien Pradié a un parcours atypique en politique. C’est quelque chose que vous appréciez ?

Bien sûr, j’ai beaucoup d’estime pour Aurélien Pradié et son parcours politique. J’ai eu l’occasion de le rencontrer dès 2017 lors des élections législativ­es. Je sais à quel point il fait un incroyable travail de terrain. Je suis sûr qu’il saura déployer ces qualités lors des élections régionales. J’ai eu moi-même l’occasion de m’engager dans une élection européenne que beaucoup disaient difficile… Le courage politique, c’est de s’engager dans des batailles compliquée­s. Il y a beaucoup à reconstrui­re et je suis sûr qu’il saura contribuer à ce travail. À Toulouse, j’ai été également très heureux de retrouver Jean-Luc Moudenc. Avec Laurence Arribagé et toute son équipe, il est l’exemple que ceux qui travaillen­t sans relâche pour améliorer concrèteme­nt la vie des citoyens gardent leur confiance. Sa réélection comme maire de Toulouse est une très bonne nouvelle, et un signe que notre famille politique peut reconstrui­re une alternativ­e pour cette région et pour la France à l’occasion des prochaines échéances.

En effet, l’an passé Jean-Luc Moudenc a été réélu maire de Toulouse en représenta­nt la droite mais aussi la majorité présidenti­elle. Le fait que Vincent Terrail-Novès et Aurélien Pradié soient tous les deux candidats ne va-telle pas de nouveau favoriser le match entre la présidente sortante Carole Delga et le

Rassemblem­ent National ?

Je crois que la démocratie gagne toujours quand on offre un choix clair aux citoyens. Ma famille politique est dans l’opposition au Président de la République. Si LREM n’a pas su trouver de candidat pour les municipale­s à Toulouse, ce n’est qu’un signe de la faiblesse de leur implantati­on sur le terrain. En 2019, JeanLuc Moudenc avait courageuse­ment soutenu ma candidatur­e pour l’élection européenne. C’était un combat difficile et il a montré clairement sa constance et sa fidélité.

Pour terminer sur Aurélien Pradié, quelles sont les qualités qui en feraient un bon président de région ?

C’est un homme de terrain, enraciné, dont la vocation politique est née de son engagement local. Je partage cette expérience avec lui, et je sais combien elle est essentiell­e pour être vraiment parmi les Français. On a vu, avec la déception provoquée par le gouverneme­nt actuel, que la «

start up nation » nous mène dans une impasse. La politique déracinée a perdu le contact avec les Français. Nous avons besoin d’authentici­té, d’efficacité, d’énergie et d’une politique qui ressemble à la France… D’une politique qui sache la comprendre. Aurélien Pradié a toutes ces qualités-là.

Le plan de relance doit permettre de créer de l’activité économique

Je travaille pour mettre enfin un terme à la naïveté dont font preuve encore trop de responsabl­es politiques face au terrorisme qui fracture nos sociétés

Si nous sommes en retard sur la vaccinatio­n c’est parce que la logistique gouverneme­ntale n’a pas suivi

Depuis trop longtemps, la France charge son avenir d’une dette dangereuse.

J’ai beaucoup d’estime pour Aurélien Pradié et son parcours politique

Il n’est pas normal, à travers le Mercosur, d’envisager d’importer des milliers de tonnes de viande alors que nos élevages sont de bien meilleure qualité ici

Aurélien est un homme de terrain, enraciné, dont la vocation politique est née de son engagement local

 ?? (Photo : DR) ?? Visite à l’école Ohr Torah de Toulouse où un professeur d'hébreu Jonathan Sandler, 30 ans, ses deux fils Arieh, 5 ans, et Gabriel, 4 ans, ainsi que Myriam Monsonégo, 7 ans, étaient assassinés froidement par un terroriste.
(Photo : DR) Visite à l’école Ohr Torah de Toulouse où un professeur d'hébreu Jonathan Sandler, 30 ans, ses deux fils Arieh, 5 ans, et Gabriel, 4 ans, ainsi que Myriam Monsonégo, 7 ans, étaient assassinés froidement par un terroriste.

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