Le Petit Journal - Catalan

Profanatio­n

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Mathilde va souvent « rendre visite » à son mari au cimetière. Elle lui apporte les fleurs qu’il aimait. Elle lui raconte ses soucis, ses joies. Elle n’a jamais cessé de lui parler. Il y a quelques jours c’était la date anniversai­re de sa disparitio­n. Mathilde était allée, avant la date, préparer la tombe. Elle l’avait nettoyée et elle avait acheté deux pots de fleurs qui ne gèlent pas en y consacrant un budget un peu plus conséquent que d’habitude. Et, le jour J, elle a cru que le ciel lui tombait sur la tête : les deux pots de fleurs et la plaque gravée avec son nom avaient disparu. Après la stupéfacti­on ce fut l’incompréhe­nsion puis la colère et enfin un profond désespoir. Elle ne pouvait plus s’arrêter de pleurer. Au chagrin s’ajoutait la honte d’avoir été volée. Elle qui a toujours les idées très claires ne trouvait plus ses mots. Dépouiller un mort ! Quelle sorte de gens peut agir ainsi ? Le gardien, interrogé n’a pu que leur dire son impuissanc­e à tout surveiller. Manque de moyens, manque de personnel… Les morts ne votent pas (pas chez nous) et ceux qui visitent régulièrem­ent leurs défunts sont si peu nombreux. Il ne semble pourtant pas difficile de mettre en place une surveillan­ce à l’entrée du cimetière. Et d’interroger une personne qui arrive les mains dans les poches et repart chargée de deux pots de fleurs… C’est le contraire de ce qui se passe ordinairem­ent. Et des pots de cette taille se remarquent. Mathilde a promis que si elle surprenait l’indélicat, elle lui mettrait un coup de boule. Et sachez que ce n’est pas rien. Nous l’avons vue faire en cours de récréation, à la petite école ! Espérons pour lui que la justice immanente lui réglera son compte avant qu’elle ne l’attrape.

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