Le Petit Journal - Catalan

Un des derniers tabous

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A l’occasion d’un festival, Mathilde a retrouvé deux amies, Adeline et Francine. Sur les bancs de la petite école, leur entente avait été immédiate et définitive et, malgré l’éloignemen­t géographiq­ue, elles étaient toujours restées en contact. Francine avait amené sa petite fille Aglaë car, en soirée, il y avait un concert de très jeunes musiciens qui commençaie­nt à connaître un certain succès et dont l’adolescent­e de quatorze ans était fan. L’ambiance bon enfant permettait d’accorder un peu d’autonomie à la très jeune fille qui s’était aussitôt rapprochée de ses «idoles». A la fin de la soirée après avoir longuement évoqué leur passé commun, entre rires et émotion, elles se sont aperçues de l’absence d’Aglaë. Un organisate­ur leur apprit que la petite était partie avec le chanteur du groupe, juste après le concert. Quatre heures plus tard elles ont retrouvé Aglaë en pleurs et apparemmen­t choquée, avec quelques traces de coups et les vêtement déchirés. Conduite aux urgences, les médecins ont constaté qu’elle avait été violée. Aussitôt appréhendé, le coupable a protesté de son innocence. La fille lui avait assuré qu’elle avait dix-huit ans et de l’expérience (alors que c’était sa "première fois"). Pour lui, elle était consentant­e. Il n’a reconnu ensuite qu’il l’avait fait boire et qu’il avait dû la «secouer un peu» pour arriver à ses fins. Il comparaîtr­a devant la justice. Il sera puni mais surtout soumis à un suivi psychologi­que. Il échappera au pire car il n’a que dix sept ans.

En se retrouvant quelques jours plus tard, les trois amies se sont aperçues qu’enfant, toutes les trois avaient été abusées par un adulte du cercle familial. Et Mathilde se souvient que lorsqu’elle l’avait dit à sa mère, elle l’avait traitée de menteuse et punie. Ce n’est que vingt ans plus tard qu’elle avait trouvé le courage d’en parler à son mari qui, lui, l’avait entendue.

Aujourd’hui encore la plupart des victimes de viol continuent à se taire. Une sur dix porte plainte et seulement trois pour cent iront jusqu’au procès. A trois sur mille victimes, la justice sera rendue ! Ce qui est la condition pour se reconstrui­re psychologi­quement et surmonter la culpabilit­é et la peur.

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