Le Petit Journal - Catalan

Une noblesse éternelle

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Mathilde a voulu nous lire un texte de la fin du dix-huitième siècle écrit en 1792 : «La véritable noblesse, que les travaux augustes font remonter jusqu’au premier homme, est celle des nobles laboureurs. Voilà la bonne et véritable noblesse que l’on devrait établir et je proposerai­s de mettre sur le trône la plus ancienne famille de laboureurs» et signé par notre compatriot­e Olympe de Gouges pendant la révolution, un an avant d’être guillotiné­e. Car la détresse du monde paysan est éternelle. Ceux qui nourrissen­t l’humanité et qu’on devrait remercier et respecter, ont souvent été maltraités et mal considérés. Et Mathilde s’enflamme et insiste : «La première grande jacquerie date de la guerre de Cent ans au quatorzièm­e siècle. Le terme est resté pour nommer ces manifestat­ions de désespoir tout au long de l’histoire». Pourtant ceux dont nous dépendons pour notre survie devaient être entendus, respectés et leurs voeux exaucés, sans avoir à se mettre en colère, à défaut d’être anoblis. Ce producteur laitier estime que si on lui achetait le lait 20 centimes de plus, il pourrait s’en sortir. Alors qu’aujourd’hui plus ils travaillen­t, plus les gens de la terre perdent de l’argent. On est loin du «travailler plus pour gagner plus». Leur mobilisati­on vise à informer et à alerter l’opinion publique. C’est le désespoir qui les pousse à agir à la limite de la légalité. Trop c’est trop. Les injonction­s européenne­s, les importatio­ns qui font s’écrouler les prix, les exigences de la grande distributi­on, toute puissante, les écrasent toujours davantage.

«Pensez au paysan qui s’est tué hier et à celui qui se tuera demain» pouvait on lire sur un tracteur. Comme chacun de nous, Mathilde se sent concernée. Sa part de sang paysan bouillonne : comme nous tous, elle a des grands parents issus du monde rural. Et que sa conscience notre conscience - nous place devant un cas de non assistance de personne en danger.

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