Le Petit Journal - du Tarn-et-Garonne

Le point fort. Une autre vie

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On entendait parler dans l’entourage de maris qui, vers la cinquantai­ne, étaient possédés par ce qu’on appelle le démon de midi. Ils quittaient femme et enfants pour se remarier avec une jeunette qui aurait pu être leur fille et souvent fondait une nouvelle famille dont les enfants étaient plus jeunes que leurs petits enfants... Et la «vieille» épouse, qui avait souvent sacrifié sa carrière profession­nelle pour se consacrer au bien-être de son époux et à l’éducation des enfants, se retrouvait seule et démunie matérielle­ment.

Depuis une dizaine d’années, la donne a changé. Ce sont de plus en plus les épouses qui abandonnen­t le foyer. A la veille de la retraite, elles se voient condamnées à un tête-à-tête à perpétuité avec un homme qui ne ressemble plus à celui dont elles sont tombées amoureuses trente ou quarante ans plus tôt. Les manies que l’on trouvait attendriss­antes sont devenues insupporta­bles. Les enfants ont quitté la maison et elles s’aperçoiven­t qu’ils étaient devenus leur seul centre d’intérêt commun. La passion refroidie, chacun s’est éloigné de l’autre, jour après jour. Aujourd’hui, une femme de cinquante ans ne ressemble en rien à celles d’il y a seulement quelques génération­s. Elle est en bonne santé, elle est autonome financière­ment, elle a rempli sa mission d’épouse et de mère et elle a envie de profiter des quelques belles années qui lui restent. Certaines y pensent depuis longtemps, mais elles attendent que les enfants soient casés pour passer à l’acte. Si un homme part pour reconstrui­re un nouveau couple, une femme préfère la liberté du célibat. Plus de contrainte­s ménagères, plus d’obligation à composer avec les décisions unilatéral­es de l’époux macho. Et même si le plus souvent cela s’accompagne d’une lourde perte matérielle, un sentiment de légèreté et de libération domine. Les maris «abandonnés» vivent plus difficilem­ent cette situation. Les enfants, même adultes et chefs de famille, aussi. La psychanaly­ste Jacqueline Schaeffer conseille de ne pas prendre de décision sur un coup de tête pour ne pas la regretter quelques semaines ou quelques mois plus tard. Elle conseille d’en discuter et de faire un essai. Beaucoup de couples parviennen­t à se séparer avec plus de sérénité à soixante ans qu’à trente. Sans doute vaut-il mieux franchir le pas que de cultiver des regrets éternels...

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