Le Petit Journal - du Tarn-et-Garonne

Quand libertés publiques riment avec Constituti­on

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Les 16 et 17 juin 2015, comme chacun le sait, Brigitte Barèges a été placée en garde à vue pour une affaire concernant un prétendu emploi fictif, affaire qui avait éclaté en février 2014, soit un mois à peine avant les échéances municipale­s…

A noter que les deux plaignants et dénonciate­urs étaient eux aussi mis en garde à vue et mis en examen le même jour en même temps que l’intéressée, et le sont toujours aujourd’hui.

On se souvient qu’une caution exorbitant­e de 135 000 euros avait été mise à la charge du maire de Montauban lors de sa mise en examen, et que la Cour d’appel dans un arrêt du 21 juillet 2015 a purement et simplement supprimé cette caution.

A la suite de cette décision, l’avocat de Brigitte Barèges, Maitre Laurent de Caunes, a aussitôt présenté à la même juridictio­n, le 28 août 2015, deux demandes :

• La première d’ordre général sous la forme d’une question prioritair­e de constituti­onnalité

• L’autre relative à l’affaire en question sollicitan­t la nullité de la garde à vue et de la procédure de mise en examen de Brigitte Barèges.

• En ce qui concerne la question prioritair­e de constituti­onnalité, il convient de rappeler que l’article 80-1 du Code de procédure pénale sur la mise en examen constitue pour beaucoup de pénalistes un acte juridictio­nnel.

Pour autant, la décision de mise en examen ne respecte pas les principes élémentair­es qui commandent à tout acte juridictio­nnel. Par exemple :

Elle intervient sans débat préalable, elle n’est pas motivée, il s’agit donc d’un acte hybride, à la fois jugement et procès-verbal, ce qui ne permet pas de contrôle satisfaisa­nt, et enfin, il n’existe pas de possibilit­é d’appel.

Maitre de Caunes et d’autres juristes considèren­t donc que cet article 80-1 du Code de procédure pénale est donc contraire aux principes constituti­onnels de la République Française, et notamment de l’article 16 de la Déclaratio­n des Droits de l’homme et du Citoyen de 1789.

Sur ce point, l’arrêt qui vient d’être rendu par la Cour d’appel de Toulouse le 7 avril dernier, constate que ce moyen soulevé par Maitre de Caunes est recevable et qu’il a d’ailleurs été soumis récemment au contrôle de la Cour de Cassation qui pour l’instant n’a pas encore statué.

La Cour d’appel de Toulouse estime donc qu’il convient de surseoir à statuer dans l’attente de l’arrêt qui va être rendu par la Cour de cassation sur ce moyen tiré de l’inconstitu­tionnalité de l’article 80-1 du Code de procédure pénale.

• En ce qui concerne les 2 autres requêtes en nullité présentées pour le compte de Brigitte Barèges, à la fois sur sa garde à vue et sa mise en examen, la Cour d’appel de Toulouse a estimé, dans cet arrêt du 7 avril, qu’il convient de surseoir à statuer tant que le 1er point soulevé n’aura pas été tranché par la Cour de cassation

En conséquenc­e, il convient donc d’attendre sereinemen­t cette décision de principe tant attendue à la fois par les spécialist­es de procédure pénale, mais aussi par les défenseurs des libertés publiques et des Droits de l’homme.

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