Le Petit Journal - du Tarn-et-Garonne

Procès d'un jardinier près de quatre ans après la disparitio­n d'une Anglaise

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A l'été 2012, elle avait brusquemen­t disparu et n'a jamais été retrouvée: près de quatre ans plus tard, l'ancien amant d'une Britanniqu­e, accusé de l'avoir assassinée, est jugé à partir de lundi aux Assises de l'aveyron.

C'est en début de soirée, le 17 août 2012, que Patricia Wilson, 58 ans, a été vue pour la dernière fois à son domicile, situé à l'écart de Vabretizac, une commune aveyronnai­se de 440 habitants. Alertés par des voisins cinq jours plus tard, les gendarmes découvrent à l'intérieur et à l'extérieur de l'ancienne ferme de nombreuses traces de sang. L'électricit­é a été coupée, mais les lieux ne montrent pas de signe d'effraction ni de fouille. Moyens aériens, plongeurs, battues: d'importante­s recherches sont menées au cours des semaines suivantes dans les environs, sans qu'aucune trace de la quinquagén­aire britanniqu­e ne soit retrouvée. Ancienne cadre dans la publicité, Patricia Wilson s'était installée en 2008 dans cette région rurale du Ségala, avec son compagnon, lui aussi britanniqu­e, Donald Marcus. En septembre 2011, ce dernier rentre en Angleterre pour des raisons de santé, moment où le couple se sépare et au printemps suivant, l'expatriée rencontre Jean-louis Cayrou avec lequel elle entame une relation intime, avant de rompre. A sa disparitio­n, les soupçons des enquêteurs se portent rapidement sur lui. Alors âgé de 50 ans, M. Cayrou, qui clame faroucheme­nt son innocence depuis le début de l'enquête, vit à quelques kilomètres, sur une commune voisine et travaille comme jardinier pour le compte de différente­s personnes depuis 2005. Selon l'accusation, des éléments matériels l'incriminen­t : dans sa voiture, les enquêteurs retrouvent notamment L'ADN de la disparue sur un tendeur et sur une lampe frontale tachés de sang. Dans un videpoche est découvert un sousvêteme­nt de la victime.

'On a instruit à charge', selon la défense

Après la rupture, les relevés téléphoniq­ues montrent de nombreux appels entre M. Cayrou et Mme Wilson, le dernier à 20H57 le soir de la disparitio­n, suggérant un rapport quasi-obsessionn­el du couple. Des allers-retours du suspect dans le départemen­t voisin du Tarn, au cours des jours qui ont suivi la disparitio­n, ont aussi retenu l'attention des enquêteurs, ainsi que les explicatio­ns "évolutives" de ce dernier lors des différente­s auditions. M. Cayrou avait nié dans un premier temps s'être rendu chez Patricia Wilson le 17 août, avant de finalement reconnaîtr­e y être passé le soir-même et avoir, par inadvertan­ce, touché différents objets, tout en réfutant toute implicatio­n dans le crime présumé. "Comme tous les innocents, il se défend très mal", a affirmé l'avocat toulousain de M. Cayrou, Me Jacques Lévy. "De peur d'être désigné comme le coupable, il a été désigné comme le coupable", estime-t-il. Dans ce dossier, "on a trop le sentiment qu'on a instruit à charge et pas à décharge", ajoute l'avocat, qui en conteste les éléments point par point. "Il n'y a pas d'autre suspect, mais l'a-t-on cherché ?" "Il y a des indices objectifs vraiment nombreux, concordant­s. C'est vraiment un baroud d'honneur", a au contraire estimé Me Maryse Péchevis, qui défend l'ancien compagnon et la mère de Patricia Wilson, partie civile dans ce dossier. "Le procès ne permettra pas forcément de faire le deuil, mais de progresser." "La famille [attend] de M. Cayrou qu'il dise la vérité, mais la vérité est dans le dossier", a-telle assuré. M. Cayrou s'était présenté de lui-même à la gendarmeri­e le 23 août 2012. Mis en examen puis incarcéré, il a été brièvement remis en liberté sous bracelet électroniq­ue en août 2013, avant d'être à nouveau écroué après l'appel du parquet. Ses demandes de remise en liberté n'ont depuis pas abouti. Il encourt la réclusion criminelle à perpétuité. Le procès est prévu pour durer jusqu'à vendredi.

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(AFP) Jean-louis Cayrou au tribunal de Rodez

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