Le Petit Journal - du Tarn-et-Garonne

Avec Michel Vern

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En mémoire à Michel Vern, nous repassons l’interview que nous avions réalisé en 2007.

Michel Vern : Je me rappelle très bien étant enfant de la vie dans le café. C’est l’arrière grand-père de mon grand-père paternel qui avait acheté la première partie de la maison au milieu du 19ème siècle, ses enfants achèteront par la suite la 2ème partie. Mes parents ont hérité du café entre les deux guerres, c’était en fait le multiservi­ces de l’époque, car, comme plusieurs génération­s de la famille vivaient sous le même toit, il a fallu trouver des complément­s de revenus aux quelques hectares de terre et à la paire de boeufs et de vaches laitières. C’est ainsi que mon grand-père et mon père deviendron­t coiffeurs et barbiers, ma grandmère et ma mère épicières en plus de cafetières. A l’époque, les gens ne se rasaient pas eux-mêmes mais venaient chaque Samedi chez nous se faire raser la barbe et couper les cheveux : je me souviens très bien des paroles de mon grand-père interpella­nt un client dont la tête était si sale qu’on pouvait y planter le peigne. Chaque client avait sa propre serviette qu’il laissait à demeure dans un meuble dédié. Une fois les cheveux coupés et la barbe rasée, il s’asseyaient au café pour jouer à la manille, discuter et déguster la boisson à la mode : un café orgeat. Et donc moi j’évoluais parmi tout ce monde, qui me parlait et qui parfois me faisait «bisquer», j’en ai entendu des vertes et des pas mûres. Notre commerce était un lieu de rencontre et de communicat­ion privilégié pour les Varennois. De cette enfance, j’en garde un très bon souvenir, avec beaucoup de bonheur dans cette ambiance familiale, que de nos jours, j’essaye de recréer, même si les temps sont et c’est normal, différents. L’épicerie sera vendue en 1939 à la famille Rodolausse et les habitudes évoluant après la 2ème guerre, nous arrêterons la coupe des cheveux et la barbe, le café continuera jusqu’en 1978, tenu par ma mère. La licence d’alors est toujours dans la commune à La Vierta du Tzigane, après être passée par diverses mains, de Hautefaill­e, La Sauge de Weiss, les Greniers du Château.

Je mesure aujourd’hui toute la contributi­on des « multiservi­ces » de l’époque à la vie sociale de nos petits villages de campagne et je me demande si cela ne manque pas de nos jours ? Propos recueillis par AC en 2007

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Michel Vern raconte une partie de son enfance

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