Le Petit Journal - du Tarn-et-Garonne
Ils sont morts pour leur religion
La conférence, proposée par l’université populaire, sur les protestants caussadais et l’affaire du pasteur Rochette en 1761 et 1762 par Guy Astoul professeur honoraire d’histoire, président de la société montalbanaise d’études sur le protestantisme a attiré beaucoup de monde, une salle pleine captivée par le récit de M. Astoul. Petit rappel :en 1598 afin de rétablir la paix civile Henri IV impose l’édit de Nantes qui donne de nouvelles libertés aux protestants. Sous Louis XIII, cet édit n’est plus respecté et ceci empire sous Louis XIV jusqu’à la révocation en 1685. La révocation de l’édit de Nantes donne lieu à de véritables croisades. Des protestants se convertissent au catholicisme tout en gardant secrètement leur culte. En 1724, un nouvel édit renforce les mesures antiprotestantes (peine de mort pour les pasteurs, etc.)malgré tout la communauté reste très importante en France.
La condamnation du pasteur Rochette : un prélude à l’affaire Calas. Pasteur protestant qui naquit en I736 en Hautes-cévennes,françois Rochette fût affecté à la province de l’agenais, puis, en juin I76I, à la province du Quercy, dont Montauban était le centre, où il se consacrait à 25 paroisses.
Le 14 septembre 1761, il fut arrêté à Caussade, on le croyait maraudeur...
Il ne cacha pas sa qualité de pasteur du désert (on qualifie ainsi du Désert les assemblées, baptêmes, mariages...effectués clandestinement), exercice interdit par la loi et punissable de mort. Dans ses bagages, on trouve sa robe de cérémonie, son rabat, son bonnet carré, des sermons, des registres de mariage et de baptêmes, l’état comptable des collectes recueillies aux cultes. Le lendemain, jour de marché à Caussade,la rumeur faisant son oeuvre, la tension entre protestants et catholiques était telle que des incidents eurent lieu ainsi qu’une panique irraisonnée. Les 3frères de Grenier, maîtres verriers à la Grésigne qui sont sa garde rapprochée tentèrent de le délivrer.ils furent arrêtés et conduits pour être jugés à Toulouse. Le Parlement, un des plus durs, (Toulouse était un bastion du catholicisme) condamna les quatre hommes à la peine capitale.
Des protestants sont menacés de mort :
pour les défendre,on s’adresse à Rousseau (qui refuse) et à Voltaire qui n’est pas très au courant de la gravité des affaires des protestants, dans le sud de la France mais qui écrit à Richelieu, trop tard l’exécution du jugement se fait sans délai. Ils furent exécutés place du Salin à Toulouse le 19 février 1762, au milieu d’une foule très hostile. Le pasteur par pendaison, les De Grenier par décapitation car on ne pendait pas les nobles. Quelques semaines après éclata l’affaire Calas.