Le Petit Journal - du Tarn-et-Garonne
Être constructif
Après la débâcle électorale, ces ambiguïtés risquent de déboussoler un peu plus des électeurs qui attendent au contraire un surcroît de vigilance de la part d’une opposition parlementaire déjà laminée au-delà de ce qu’elle représente réellement. Verser dans l’excès de confiance ne serait bénéfique ni pour la démocratie ni pour le pouvoir lui-même. Pour l’heure, c’est à la majorité présidentielle, telle qu’elle est issue des urnes, de faire ses preuves. Ce n’est pas le moment de lui signer un chèque en blanc dont elle n’a pas besoin.
A gauche, le PS est parcouru de plusieurs sensibilités, comme à son habitude. Ce n’est pas parce que le groupe s’est considérablement rétréci qu’il ne conserve pas toute la richesse d’opinions auxquelles il nous a accoutumés. Il y a des opposants fermes et définitifs à la nouvelle majorité, ceux qui ne veulent pas tout casser et ceux qui envisagent d’un ?il bienveillant le nouveau gouvernement sans renoncer à leur liberté. À droite, où l’on est toujours en avance d’une bataille, celle qui est en cours étant désormais perdue, c’est le congrès LR de l’automne qui suscite déjà les vrais débats du moment. C’est quand même curieux ce décalage permanent dans le temps électoral qui permet de s’agiter, d’éveiller les rivalités, de susciter des ruptures, alors que la priorité, ce sont les problèmes actuels du pays qu’il faut résoudre, plutôt que de développer des querelles qui ne feront que des victimes.
Dans ce qui reste de la droite et de la gauche traditionnelles, le positionnement face au rouleau compresseur Macron a viré ce week-end au casse-tête insoluble dès lors que les uns et les autres répugnent à l’opposition radicale incarnée aux extrêmes par Jean-luc Mélenchon et Marine Le Pen. À droite, la fracture se confirme au sein des Républicains et de L’UDI avec la création d’un groupe autonome de «constructifs» prêts à travailler avec la majorité et pesant numériquement autant que le Modem. Et à entendre Xavier Bertrand, il pourrait même émerger une "troisième voie" entre la "droite revancharde" et les "constructifs".
Les propos de Xavier Bertrand ne sont que l'expression des deux lignes qui désormais s'affrontent à droite et qui ont été, pendant la primaire, illustrées par le choc Fillon-juppé. Xavier Bertrand fustige la ligne de la "France identitaire" lorsqu'il plaide pour que la droite retrouve le chemin du dialogue "avec la France inégalitaire".