Le Petit Journal - du Tarn-et-Garonne

« On va perdre tous nos revenus »

Mobilisati­on d’envergure à Montauban

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Les agriculteu­rs vont crier leur désespoir lors d’une manifestat­ion d’ampleur régionale.

Au lieu-dit Saint-amans, la ferme de La Clairette. Des poignées de mains franches nous accueillen­t. Le décor est posé, une pièce principale aux murs épais où la discussion débute dans l’odeur et les volutes d’un café brûlant. Ici, on prend le temps de réfléchir avant de s’exprimer.

Il faudra quelques minutes avant que Serge, la soixantain­e et son fils Pierre, pas encore trentenair­e, évoquent les problèmes qui conduisent à cette grande manifestat­ion régionale de mercredi à Montauban. Ils travaillen­t sur cette terre depuis de longues génération­s et connaissen­t leur sujet mieux que tous les grands discours du monde. Une ferme qui cultive longtemps, puis un tournant est pris avec le père. Aujourd’hui, ils élèvent un troupeau de vaches à viande Blonde d’aquitaine. “

90% de nos revenus provient de cette production...

... avec les veaux, cette réforme de la cartograph­ie pourraient nous faire perdre la totalité de nos revenus. Elle nous obligerait à développer une production industriel­le”, explique Serge le regard lourd, quand Pierre surenchéri­t d’un coup : “et les prairies, s’il n’y a plus de bêtes, ça devient des friches!” Même si cette famille continuera son exploitati­on : “certains vont s’arrêter c’est sûr.” Et Serge de poursuivre : “avec la réforme, si on n’est plus dans la CHN, ils ne vont aider que les zones défavorisé­es par rapport à la nouvelle carte. C’était très bien, personne ne se plaignait et ils ont fait ça pour réduire les aides. Cette mesure était très ancienne. Les critères ne sont pas clairs et le flou complet.”

Ils nous ont raconté ce qu’ils voulaient.

Concernant la mobilisati­on de mercredi, le père et le fils s’entendent à penser que beaucoup d’agriculteu­rs qui ne se déplaçaien­t pas pourraient, cette fois-ci, rejoindre le cortège : “surtout les éleveurs”. Puis, le plus ancien sort un facturier de 1992. “Bien sûr, c’est en francs...”, l’ajuste sur la table au-dessus du premier. Une fois la calculette rangée pour la conversion en euros : vente de bêtes prix vifs au kilo à 2, 92 pour le premier et 2, 29 pour le second à plus de vingt cinq ans d’écart ! “Et, on fait partie de ceux qui ne sont pas trop mal en prix...”, commente-t-il, laconique, avant d’aller visiter leurs installati­ons : “c’est de plus en dur dans nos fermes de boucler les fins de mois.”

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 ??  ?? Le fils et le père sur leur exploitati­on.
Le fils et le père sur leur exploitati­on.
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90% de nos revenus provient de cette production.
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Au lieu-dit Saint-amans, la ferme de La Clairette.

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