Le Petit Journal - du Tarn-et-Garonne
Italie: "les élections tuent la langue", dénonce un académicien
Les élections législatives du 4 mars en Italie sont en train de "tuer l'italien", notamment en raison de la pauvreté du langage utilisé dans les débats, a estimé dimanche le président de l'accademia della Crusca, Claudio Marazzini.
Cette académie, fondée au Xvième siècle, a pour vocation "la sauvegarde et l'étude de la langue italienne".
"Un des principaux maux de cette campagne électorale est d'avoir réduit le message électoral à des slogans", affirme le professeur Marazzini dans une interview au quotidien La Stampa.
"Les phrases toute faites comme +aidons les immigrés chez eux+ (...) ou +les Italiens d'abord+ sont des titres laissés volontairement orphelins d'un raisonnement complet", estime l'académicien.
Interrogé sur le fait de savoir si "le vide du langage correspond à un vide politique", M. Marazzini répond: "il est trop tôt pour le dire, mais pour le moment on est en train de tuer la langue italienne". Parmi les principaux accusés figure Luigi Di Maio, candidat des populistes du Mouvement 5 Etoiles (M5S) au poste de Premier ministre et célèbre en Italie pour son absence de maîtrise du subjonctif. "Ces énormités (les erreurs de subjonctif, ndlr) méritent un discours à part, car sortant de la bouche du candidat au poste de Premier ministre du M5S elles deviennent un manifeste" politique, estime l'expert, jugeant que de cette manière "Di Maio dit (à ses électeurs, ndlr) +je maltraite la langue italienne comme vous, je ne suis pas un membre de la caste+" des politiciens.
Le M5S a débuté en 2007 dans l’arène politique avec des manifestations massives contre la classe politique baptisées "Vaffanculo Day" (Journée du "va te faire foutre"), et dix ans plus tard le registre de langage reste similaire.
Vendredi, lors d'un meeting électoral non loin de Rome, Roberta Lombardi, candidate du M5S au poste de gouverneur du Latium, la région de la capitale italienne, a évoqué "le bureaucrate qui lèche le cul du politicien".
Ces dérapages verbaux sont assez fréquents chez les responsables politiques italiens, et Silvio Berlusconi est connu, entre autres, pour ses propos controversés sur les malades du sida ou les homosexuels.