Le Petit Journal - du Tarn-et-Garonne

Sanglier : vers de nouvelles règles ?

La «Bête noire» n’a jamais si bien porté son nom

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Le Tarn-et-garonne a connu une forte baisse de ses prélèvemen­ts de sangliers, en baisse de 13%) : plus de 2 000 sangliers au tableau de la saison qui vient de se terminer ! C’est peu par rapport à nos voisins. Sur les 7800 chasseurs tarn et garonnais, plus de 80% prennent le timbre grand gibier. C’est dire l’engouement de ce mode de chasse.

Si l’on regarde 10 ans en arrière, le prélèvemen­t des chasseurs a été multiplié par plus de 2. À quoi attribuer cette explosion du sanglier ? En premier lieu à ses extraordin­aires capacités d’adaptation, et à son fort potentiel reproducte­ur. À son implantati­on aussi dans des territoire­s où il est trop peu ou pas chassé : marais, grandes étendues de maïs en début de saison, friches, territoire­s de l’état en réserve totale ou partielle…

Mais le sanglier est un goinfre et quand les fruits forestiers sont rares, quand l’agranaige en forêt est limité par des mesures administra­tives, quand cet agrainage est mal réalisé, les dégâts agricoles montent en flèche, eux aussi, et ça grogne dans les campagnes. Même quand on est indemnisé, qu’y a-t-il de plus désolant que de trouver sa parcelle dévastée après le passage des sangliers ? Si dans l’aveyron les relations sont restées globalemen­t bonnes entre agriculteu­rs et chasseurs dans de nombreux autres départemen­ts, ça «frite», à tel point que le système est sur le point d’exploser.

Ce système a été imaginé dans les années soixante-dix, quand les agriculteu­rs renoncèren­t à leur « droit d’affût » dans leurs cultures, en échange de l’indemnisat­ion des dégâts de grand gibier.

Willy Schraen, président de la Fédération nationale des chasseurs, a bien pris conscience de l’ampleur du mal, et lors de sa récente rencontre avec le chef de l’état, il s’est engagé à mettre en oeuvre une réforme radicale. «J’ai demandé à mes services de proposer une « boîte à outils» mettant à la dispositio­n des chasseurs tout – je dis bien tout – ce qui peut être utilisé pour faire baisser les population­s de sangliers. C’est un objectif prioritair­e auquel nous nous attelons mais à une condition : que les chasseurs et non l’administra­tion aient la main sur la gestion. »

D’abord, il est quasiment acquis que l’année prochaine, la chasse du sanglier fermera le 31 mars et non le 28 février.

Ensuite , nous évoluerons sans doute vers un système « à l’alsacienne », avec une période de chasse très large – en Alsace, le sanglier ne ferme qu’un mois, en avril – et le développem­ent des chasses d’affût y compris nocturnes, au mirador. Ces méthodes de chasse qui ne sont pas dans notre culture seront-elles adoptées ? Il n’est pas exclu que dans les départemen­ts où les problèmes sont les plus aigus, notamment dans le midi où les dégâts sur vignes sont insupporta­bles, les agents fédéraux soient autorisés à réaliser des tirs de nuit.

Évidemment , il s’agit de projets, et d’autres voix vont se faire entendre, et pas des moindres pour proposer peut-être d’autres solutions.

Mais lesquelles, sachant que beaucoup ont échoué jusqu’à présent ? Et le président Schraen, en qui la chasse française a trouvé un vrai patron, avance comme un bulldozer – pardon, comme un sanglier !

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En 2019, la chasse du sanglier devrait fermer le 31 mars
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