Le Petit Journal - du Tarn-et-Garonne
Fuite ou pas fuite ?
Le prévenu qui se présente à la barre n’a ni l’allure ni le pédigrée du délinquant récidiviste. On l’appellera Philippe, vêtu sobrement d’un pull gris et d’un pantalon marron, il a une cinquantaine d’années, célibataire, il gère une agence immobilière. Il est accusé d’un délit de fuite commis le 13 octobre dernier à Montech. Les faits sont incontestables, ils ont été filmés par les caméras de vidéo-surveillance. Au volant d’un puissant 4 x 4 de marque japonaise appartenant à son père, lors d’une manoeuvre de stationnement, le prévenu a embouti l’aile arrière gauche d’une autre voiture. Convoqué par les gendarmes, après avoir visionné la vidéo, il reconnaît immédiatement les faits. Il raconte avoir ressenti un léger choc, mais arguant de sa bonne foi, jure ne s’être pas rendu compte des dégâts occasionnés à l’autre véhicule, dont le propriétaire n’a pas porté plainte. Devant ce qu’il est convenu d’appeler une petite affaire, le réquisitoire de la procureure sera bref mais implacable : elle demande une amende de 500 euros. “Je suis surpris qu’un tel dossier soit appelé devant cette juridiction” tonnera l’avocat de la défense au début de sa plaidoirie. Il essaiera d’implorer la clémence de la cour en expliquant que son client n’avait pas l’habitude de conduire ce véhicule qui appartient à son père, qu’il est assuré tous risques sans franchise et que grâce à cela, son assurance a intégralement payé les 1 800 euros de réparation sur la voiture de la victime. “Dans ces conditions, quel intérêt aurait eu mon client de fuir ?”. Mais rien n’y faisait et la cour suivait les réquisitions de la procureure en condamnant le prévenu à une amende de 500 euros.