Le Petit Journal - du Tarn-et-Garonne

Accident à la rave-party : des circonstan­ces aggravante­s

Le cocktail explosif drogue-alccol fait encore une jeune victime

-

O tempora o mores, les temps changent. Dans un autre temps, la jeunesse s’adonnait à sa passion de la musique rock au cours de grands festivals rassemblan­t parfois des foules immenses, consommant sans modération du hashish ou du LSD. Au nom de Woodstock, le plus célèbre de ces grandes kermesses, nos oreilles se bercent encore des sonorités stridentes que Jimi Hendrix extirpait de sa célèbre guitare Stratocast­er, lorsque au matin du troisième jour, il interpréta une version inoubliabl­e de “Star spangled banner”, l’hymne national américain. Les temps ont changé, les jeunes et la musique aussi. La musique en vogue chez notre jeunesse est la techno. Les musiciens ont disparu des scènes et ont laissé la place à des DJ, qui se produisent lors de raves party géantes, où le cannabis des papys du rock a laissé la place aux ecstays et la MDMA, des drogues de synthèse surpuissan­tes. C’est au cours d’une de ces raves party, à Saint Antonin Noble Val le 15 mai 2016, que les chemins de Valentin et Adrien vont se croiser et leurs vies basculer. Sa vie, Valentin va la perdre après qu’adrien lui ait roulé dessus avec sa voiture. Plusieurs circonstan­ces aggravante­s alourdisse­nt le dossier : le conducteur est dépisté positif à l’alcool et aux stupéfiant­s, son véhicule roulait à grande vitesse et n’était pas assuré. Tout commence la veille par un banal barbecue sur les berges de l’aveyron auquel Adrien participe. Pour lui, c’est sans doute l’une des dernières fêtes avec ses amis avant un bon bout de temps ; dans quelques jours, il doit se rendre à Amiens où il a décidé de s’engager dans l’armée. Il y retrouve ses copains ; ils lui parlent d’une rave party qui se déroule à quelques kilomètres.

Une fois les saucisses avalées et les chips digérés, ils décident de s’y rendre. Ils y arrivent vers 2h du matin et rejoignent une centaine de teuffeurs déjà sur place. Pour être dans le coup et ne pas être ostracisé, Adrien fait comme les autres et boit cinq bières et du whisky, de l’alcool qui est distribué gratuiteme­nt par un fourgon. Les analyses révèleront un taux de 1,19 grammes par litre de sang, plus du double de la limite autorisée. Quelques instants après, tout aussi gratuiteme­nt, un inconnu lui offre de la cocaïne. C’est, dit-il, la première fois qu’il en prend. Les heures s’écoulent dans la douce euphorie provoquée par le cocktail explosif drogue-alcool. A l’aube, il reçoit un appel d’un de ses compagnons de soirée qui, ayant lui aussi abusé de diverses substances psychotrop­es, s’est égaré et se trouve à un kilomètre du champ où les “sound systems ” déversent leurs torrents de watts. En bon copain, Adrien monte dans sa voiture et part le récupérer à l’endroit précisé. Pour cela, il doit emprunter un chemin agricole typiquemen­t quercynois, entouré de part et d’autre de murs en pierres sèches. Une fois le copain retrouvé et embarqué, la voiture fait demitour. Et c’est là, alors que les deux jeunes hommes s’en retournent à la fête que le drame va se produire. Dans des circonstan­ces assez obscures, objet de diverses versions de la part des uns et des autres, que le véhicule va rouler sur Valentin ; était-il couché ou non, la voiture ne roulait-elle pas trop vite ?

Faute de preuves tangibles, ces questions vont rester en suspens. Ce que l’on sait, c’est qu’adrien s’arrête et tente désespérém­ent de porter secours à la victime en détresse respiratoi­re. Il veut lui prend le pouls mais il ne le trouve pas, ce n’est pas bon signe. Il appelle alors immédiatem­ent les pompiers, qui une fois sur place, ne pourront que constater le décès de Valentin. La procureure Chaumeton interpelle le prévenu “Vous êtes d’accord pour reconnaîtr­e que vous n’étiez pas en mesure de conduire ?” Adrien ne peut que répondre par un laconique oui. Concernant l’absence d’assurance, il jure ne pas en avoir été averti ; chose que dément l’avocat de la compagnie en présentant les preuves des divers courriers, appels téléphoniq­ues et SMS envoyés. La procureure réclame 3 ans de prison dont 18 mois avec sursis, annulation du permis de conduire et interdicti­on de le repasser avant 3 ans. Le verdict a été mis en délibéré au 10 juillet.

 ?? ( photo d’illustrati­on) ??
( photo d’illustrati­on)

Newspapers in French

Newspapers from France