Le Petit Journal - du Tarn-et-Garonne
Ce monde est dangereux
Il ne se passe pas un jour sans qu’un fait divers et varié ne fasse référence à la mondialisation. Mais, ça a commencé quand ? En fait, très tôt. Les premiers mouvements de population datent d’il y a 20 000 ans. Les marchandises, et notamment les poteries, ont commencé de passer d’un peuple à l’autre, il y a 8 000 ans. Mais, la mondialisation marchande a commencé au XII° siècle avec les commerçants de Bruges et de Venise et surtout au XIX° siècle avec l’amérique. Fondée sur un air de liberté issu de la pensée judéo-grécoperse. Mais, aujourd’hui, elle se heurte à une contradiction majeure. Le marché est par nature globalisé et n’admet ni les frontières, ni les territoires, ni les compétences. La démocratie est au contraire limitée par des frontières et des compétences. Depuis le XII° siècle le marché et la démocratie se renforçaient, aujourd’hui le marché devient mondial alors que la démocratie reste locale. La globalisation de la musique a été précoce : dés le moyen âge. La globalisation des idées aussi a été rapide : ce fut le cas du monothéisme chrétien, de l’islam, de l’idéal des lumières puis du marxisme. En revanche, la globalisation des institutions politiques est beaucoup plus difficile. Sans globalisation des institutions démocratiques, la globalisation du marché conduira à une destruction des institutions étatiques. Avec un pouvoir croissant des entreprises qui remplaceront les états ! On verra, et l’on voit déjà, apparaitre des corporatismes qui mettent en place des règles supranationales. Comme les accords de Bale pour la gestion des risques financiers ou la FIFA dans le sport. Dans l’histoire récente, les vagues de mondialisation se sont toutes conclues par le repli sur soi et le conflit. Au XVIII° siècle c’est par la musique que sont apparus les premiers signes de crispation. Alors que l’italien était la langue universelle de l’opéra, les états imposèrent d’écrire les opéras en langue nationale. Cela se terminera par les guerres napoléoniennes et le nationalisme du XIX° siècle. Après la deuxième vague de globalisation, à la fin du XIX° une nouvelle crispation aboutit aux lois protectionnistes de 1907, au conflit de 14-18 et aux dictatures totalitaires. Après trois- quart de siècle de dégel, la vague de globalisation a repris en 1989. Elle provoque de nouvelles tensions : avec la tentation de repli protectionniste aux Etats-unis et l’on ne sait pas où Trump va nous mener ? En Europe, le Brexit, la Pologne, la Hongrie, l’autriche et maintenant l’italie et ailleurs ? Après la Grande-bretagne, c’est l’amérique qui avait joué les gendarmes du monde. Ce n’est plus le cas aujourd’hui. La Chine n’a, ni l’envie, ni les moyens de devenir le Centre. Pour être puissant à l’extérieur, il ne faut pas être trop faible à l’intérieur. La spécificité de la prochaine mondialisation est qu’il n’y aura justement pas de Centre. Le risque est que l’espace virtuel ne devienne lui-même une nouvelle puissance et soit le prochain c?ur du monde : ce monde est dangereux !