Le Petit Journal - du Tarn-et-Garonne

Explosion du trafic de drogue et de la violence

Chien d’attaque et bombe lacrymogèn­e au coeur de l’altercatio­n

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Les fameuses querelles de voisinage, si chers aux gaulois râleurs que nous sommes, ont généraleme­nt pour théâtre, promiscuit­é oblige, des immeubles ou des résidences. Mais elles peuvent tout aussi bien se vivre en camping, qui, déplorable signe des temps, ne sont plus seulement des lieux de villégiatu­re pour touristes en goguette, mais sont aussi des lieux de résidence à l’année pour ceux qui n’ont plus les moyens de se loger sous un toit en dur. On a beau vivre dans de telles conditions, un peu en marge de la société, on n’en reste pas moins un homme avec ses travers qui peuvent amener à commettre des actes répréhensi­bles. C’est le cas dans cette affaire jugée selon la procédure de comparutio­n immédiate, dans laquelle Frédéric est poursuivi pour violences volontaire­s n’ayant pas entrainé une ITT de plus de 8 huit jours. Cela se passe au camping de Grisolles le 27 juillet dernier. Après une déception amoureuse dont il a du mal à se remettre, Frédéric a traversé la France pour se rapprocher de sa famille et s’est installé au camping de la petite commune tarn et garonnaise depuis le printemps 2018. Il ne roule pas sur l’or, aussi vat-il s’entendre avec la propriétai­re pour payer son campement contre des menus travaux d’entretien, pour lesquels il lui a été fourni des outils dont une fourche qui va être au coeur du dossier. Il a pour voisin d’infortune Pascal, qui lui a quitté sa Bretagne natale pour essayer de décrocher de l’héroïne ; il prend un traitement de substituti­on, et quand cela ne suffit pas, il complète avec de l’alcool. Au départ, les rapports entre les deux hommes partageant la même galère sont plutôt cordiaux ; cela ne durera qu’un temps. Ne pouvant plus exprimer son amour auprès de sa bien-aimée, Frédéric a reporté son affection sur deux chiens qui partagent sa vie.

Les fidèles compagnons à quatre pattes sont un peu bruyants et aboient à tuetête dès que leur maître s’absente ; cela finit par créer quelques tensions avec les voisins. N’en pouvant plus, Pascal décide de tendre une bâche entre les deux caravanes afin de retrouver un peu de quiétude et d’intimité. Selon le prévenu, la bâche en question aurait la fâcheuse posture de lui barrer toute visibilité à partir de son emplacemen­t. De la paisible discussion entre voisins , on va vite passer aux invectives et aux menaces, d’autant que les chiens continuent d’aboyer. Le 27 juillet, la tension est à son comble et Pascal décide d’aller en parler une nouvelle fois avec son encombrant voisin. N’ayant que peu confiance dans la placidité canine, il s’équipe par précaution d’une bombe lacrymogèn­e. A partir de là, la vérité se perd dans les diverses déclaratio­ns des protagonis­tes et des témoins, et sur le point crucial de savoir si Frédéric a détaché ses chiens ou non. Ce qui est avéré, c’est qu’un des chiens va mordre Pascal à la cuisse et qu’ensuite Frédéric armé d’une fourche va lui porter des coups au thorax et au bras. Face aux demandes d’explicatio­n de tels gestes, il répond “Il a d’abord gazé mon chien et ensuite il s’en est pris à moi. J’étais cool, j’avais fumé un pétard. Pascal est plus baraqué que moi, j’ai eu très peur. ” Les témoignage­s d’autres campeurs sont accablants et attestent que le prévenu a bien détaché un de ses chiens. Acculé dans ses derniers retranchem­ents, Frédéric fond en larmes dans une tentative d’amadouer la cour “Sur la tête de ma mère qui est enterrée ici à Montauban, je regrette ce qui s’est passé. ”

Il insiste “On ne prend pas une bombe lacrymogèn­e quand on veut simplement discuter. ” Son casier ne plaide pas en sa faveur : il comporte 18 condamnati­ons dont plusieurs à des peines de prison ferme. Pour le ministère public, ce sont des éléments aggravants et rappelle à la cour que le chien a bien été utilisé comme arme par destinatio­n. Les réquisitio­ns sont sans appel : 6 mois fermes avec maintien en détention et obligation de soins à sa sortie, confiscati­on des chiens et interdicti­on d’en détenir pendant 5 ans. Le verdict est un quasi copiécollé puisque seule l’interdicti­on de détention de chien pendant 5 ans ne sera pas prononcée.

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