Le Petit Journal - du Tarn-et-Garonne
KURU JOURNALISTIQUE
Vous n’en avez pas marre de la ritournelle des éditos et commentaires, trop conformes, trop politiquement corrects ? Rien n’autorise à croire que tous ces journalistes soient aveuglés par leurs préjugés ou soumis servilement à l’air du temps. Allons même jusqu'à oublier quelques ménages compromettants et connivences croisées…. Partons du principe que prévaut chez ces manipulateurs de symboles médiatiques un minimum de probité intellectuelle. Il faut bien chercher ailleurs l’explication de tant d’erreurs, myopies, rabâchages infinis qui agacent l’oreille. Des « lois » structurelles jouent surement quelque part ! S’ils disent tous à peu près la même chose, il doit bien y avoir quelques explications. Je vois deux pistes : l’effet vache folle et l’effet diplodocus. Le premier est la conséquence perverse de l’anthropophagie. Bien avant les histoires de vaches britanniques, des ethnologues avaient mis en évidence une affection étrange, la maladie de KURU, frappant certaines tribus cannibales. Une loi biologique encore mal élucidée voudrait qu’il soit dangereux pour une espèce animale de se manger elle-même. Or, c’est bien ce que font avec assiduité les meilleurs de nos éditorialistes qui s’informent principalement en lisant… ..les journaux ! C’est-à-dire en s‘entre-dévorant. Je te lis, tu me lis, je t’écoute, tu m’écoutes. Le système médiatique se retrouve à peu près clos, incarcéré avec la classe politique dans un jeu de miroirs assez peu réceptif aux signaux venus de la société réelle. Ce cannibalisme effréné explique la propagation des quelques préjugés basiques et variables selon les époques qui constituent ce qu’il est convenu d’appeler l’air du temps. Voué au recopiage inlassable et au mimétisme inconscient, le système n’en finit pas de se dupliquer jusqu'à perdre le contact avec le réel. Il est donc guetté par une pathologie très comparable à la maladie de la vache folle. Quant à l’effet diplodocus, il est simple à comprendre. Chez les sauriens, l’influx nerveux mettait un certain temps à atteindre le cerveau après avoir cheminé sur vingt ou trente mètres entre le bout de la queue et le lobe frontal. D’où la faible efficacité des réactions. Pour les mêmes raisons, le grand « corps médiatique » empêtré dans ses paresses psychiques n’intègre qu’avec retard les concepts un peu neufs venus du dehors. Additionnez les deux syndromes et concluez vous-même : la crise des médias, c’est une maladie du diplodocus fou. Nous voilà bien !