Le Petit Journal - du Tarn-et-Garonne

Le sénateur François Bonhomme dit tout

Gilets jaunes, cumul des mandats, Jean-michel Baylet...

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GILETS JAUNES

Le Petit journal : Quel est votre sentiment sur le mouvement des gilets jaunes ?

François Bonhomme : Le Gouverneme­nt a fait preuve d’une grande maladresse. Il est resté sourd à toutes positions qui n’est pas la sienne. Cette attitude a suscité une frustratio­n d’une partie de nos concitoyen­s qui ont eu l’impression de n’avoir pas été écoutés. Au parlement, nous ressentons cette même frustratio­n. Plus précisémen­t…

L’année dernière, à la même époque nous avions mis en garde contre la hausse programmée de la taxe carbone sur le carburant. En particulie­r, nous nous étions opposés contre cette hausse. Nous avions alerté le Gouverneme­nt sur ce risque car ne connaissan­t pas le prix du baril à l’avance et sur lequel le Gouverneme­nt n’a pas, par définition, de prise, il avait un risque d’augmentati­on « double peine ». Celui-ci avait alors maintenu la trajectoir­e de hausse programmée des prix du carburant jusqu’à 2022, et notamment la nouvelle augmentati­on qui devait intervenir le 1er janvier prochain.

A partir de là, il ne faut pas s’étonner que ceux qui vivent en zone périphériq­ue et en zone rurale, comme dans notre départemen­t et qui n’ont le choix qu’entre «la voiture et la voiture » réagissent vivement !

Au lieu de comprendre cela, la réponse du Gouverneme­nt a été de parler d’une prime bien trop restreinte pour changer de voiture ou de mode de chauffage. De même, parler de la nécessité de développer les transports en commun et de « nouvelles mobilités » au nom de la « transition écologique » n’a aucun sens dans nos territoire­s où la voiture est essentiell­e. Le Petit journal : Quelles solutions pour sortir de cette impasse ? Nous avions annulé dans le projet de loi de finances la nouvelle augmentati­on prévue dans la version issue de la Loi de Finances de l’année dernière. Or, le Gouverneme­nt a agi à contretemp­s ; le Gouverneme­nt s’est d’abord enfermé dans l’entêtement avant d’annoncer cette semaine un « moratoire » mais trop tard.

Pour autant, personne ne peut légitimer la violence, les incendies d’immeuble ou les saccages des biens des commerçant­s qui sont les premières victimes de casseurs qui se sont infiltrés. Les casseurs profession­nels qui veulent « taper du flic » doivent être appréhendé­s et jugés sans faiblir. Mais le refus initial de tout dialogue et même d’empathie a été une erreur grave.

Le mouvement des gilets jaunes est le symptôme d’une société où le travail n’est pas justement récompensé. Il suffit de regarder la situation des ambulancie­rs, des aides-soignants ou des agriculteu­rs dont les métiers sont exigeants, essentiels mais qui ne s’en sortent avec leur travail. SÉNAT Le Petit journal : Votre collègue sénateur de Tarn-etgaronne, Yvon Collin, vient de faire adopter un amendement « rabotant » la niche fiscale des journalist­es touchant plus de 6000€ par mois. Sénateurs de tous bords se sont ralliés à sa propositio­n, finalement un consensus est toujours possible au Sénat ?

Le Sénat n’est pas la chambre des polémiques et des opposition­s aveugles. Très souvent, des amendement­s ou propositio­ns de loi sont soutenus par des sénateurs de tous bords car ils relèvent du bon sens. Le Sénat a pour tradition l’écoute et le respect, c’est pourquoi nous apportons souvent une lecture plus sereine concernant les différents textes de loi.

LA DÉPÊCHE DU MIDI

Le Petit journal : Récemment, vous vous êtes fendu d’un tweet à l’encontre du "bobard" de Laurent Benayoun, rédacteur en chef local de la Dépêche du Midi. Cela concernait un rapport du Sénat afin de faciliter l’exercice des mandats.

On a plus que jamais besoin de véritables corps intermédia­ires. L’exercice du pouvoir manque de « représenta­nts » de proximité. Les maires sont de ceux-là. Cette fonction est de plus en plus difficile, il suffit de voir le nombre de maires et d’adjoints qui ne comptent pas se représente­r en 2020 pour s’apercevoir des difficulté­s nouvelles d’exercer aujourd’hui ce mandat d’élus municipal.

Tout a été fait ces dernières années pour décourager les maires qui sont pourtant les élus de proximité et bien souvent les seuls interlocut­eurs. Beaucoup ont le «blues». C’est pour cela que je viens de remettre un rapport parlementa­ire sur les conditions d’exercice des élus locaux et notamment les maires.

On vient de faire des propositio­ns concrètes là-dessus au Gouverneme­nt qui s’est dit intéressé. Dans un entrefilet, le journal s’en prenait directemen­t à vous en titrant "François Bonhomme pense à l’avenir". Le journalist­e avait mal compris le principe de ce rapport ? La Dépêche du Midi et son rédacteur en chef a tronqué délibéréme­nt ce travail que j’ai réalisé dans ce rapport parlementa­ire en laissant croire que ces propositio­ns était faite pour moi et les parlementa­ires alors qu’elles concernent les seuls élus locaux pour améliorer leurs conditions. Comme d’habitude, Il s’agissait d’un bobard ou d‘une « intox » du « journal » de Jean-michel Baylet (mais est-ce un journal ?) qui n’a pas supporté que son PDG soit battu aux sénatorial­es. Il n’en finit par de remâcher son amertume d’avoir été battu, de même il ne cesser d’attaquer à tout propos le Conseil Départemen­tal dont il a été également rejeté. C’est pour cela que beaucoup d’élus s’amuse à appeler ce « journal » la « Pravda du midi ».

C’est une « machine à bobard », propriété et instrument politique au service d’un homme politique du siècle dernier, qui a fait son temps et qui ne le comprend pas.

CUMUL DES MANDATS

Le Petit journal : Vous êtes un sénateur très actif, on voit bien que vous prenez ce travail très à coeur. Suite à la loi sur le cumul des mandats vous avez laissé votre poste de maire de Caussade. Aujourd’hui, comment analysez-vous cette loi ?

Je peux comprendre la nécessité de mettre fin au cumul des mandats, ce qui permet de renouveler le paysage politique et de mettre fin à certain abus. Néanmoins, cette loi risque de produire à terme un autre écueil, celui de défaire le lien entre l’élu et son territoire, c’est-à-dire de produire demain des élus « hors-sol ». J’ai voulu rester présent au sein de la Commune de Caussade aux côtés de son maire, Gérard Hébrard, et également défendre leurs préoccupat­ions au niveau national. C’est le sens de mon engagement.

LOTO DU PATRIMOINE

Le Petit journal : À propos du loto du patrimoine, Stéphane Bern avait fait part de son mécontente­ment en constatant qu’une infime part des recettes profitée finalement à la restaurati­on des bâtiments publics. Le Sénat l’a entendu.

L'opération "Loto du patrimoine" permet de financer des rénovation­s de monuments dans notre pays qui à travers un jeu de grattage et un loto sans alourdir la fiscalité. C’est déjà un grand succès. Or, le Gouverneme­nt a cherché à prélever 14 millions de taxes sur les 200 millions de recettes nouvelles issues de ces jeux. C’est pourquoi nous avons voulu que la totalité des recettes soit affectée à la rénovation du patrimoine, sans que le Gouverneme­nt vienne y ajouter ses taxes, ce qui est une véritable maladie de Bercy.

Or, nous venons d’adopter un amendement au projet de budget pour 2019 exonérant le Loto du patrimoine des taxes habituelle­ment prélevées par l'état sur les jeux et loteries de la Française des jeux, contre l’avis du Gouverneme­nt.

Le Gouverneme­nt a fait preuve d’une grande maladresse Nous avions annulé la nouvelle augmentati­on prévue de la taxe La Dépêche du Midi, et son rédacteur en chef, a tronqué délibéréme­nt (mon) travail (Baylet) n’en finit par de remâcher son amertume d’avoir été battu

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François Bonhomme comprend la fin du cumul des mandats mais rappelle l’importance pour un parlementa­ire de rester proche du terrain.

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