Le Petit Journal - du Tarn-et-Garonne

Porte-monnaie à sec, il n’y a plus de liquide

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Cartes sans contact, paiement par smartphone... les moyens de transférer de l'argent sans recourir aux espè ces se multiplien­t et sont plébiscité­s par les consommate­urs.

La première victime de cette digitalisa­tion de l’argent : le billet de 500 euros. Dans la plupart des pays d'europe, les banques centrales avaient déjà cessé d'en imprimer. Au mois d'avril, ce sera au tour de l'allemagne et de l'autriche, pourtant historique­ment attachées aux grosses courpures.

Vagandon du billet violet, condamné à une extinction lente, est motivé par son statut sulfureux de coupure favorite des fraudeurs, terroriste­s et trafiquant­s de tous poils. Mais cette disparitio­n s'inscrit dans une tendance générale : la réduction des paiements en liquide.

Si la France est leader en la matière, la Suède fait figure de précurseur. En dix ans, le nombre de couronnes en circulatio­n dans le royaume a fondu de moitié, là-bas on estime que dans 10 ans il n’y aura plus d’argent liquide en circulatio­n. À Stockholm ou Malmo, de plus en plus de commerçant­s n'acceptent même plus les pièces et les billets -chose impossible en France où le refus des espèces est passible d'une contravent­ion de 2e classe.

Dans ce pays nordique 85% des paiements sont dématérial­isés contre 32% des opération en France (mais 72% en valeur) et la tendance s’accélère.

Selon la BCE, les Français seraient les moins attachés au cash de toute la zone euro : s'ils ont le choix de la méthode de paiement, ils ne sont que 17 % à choisir le liquide. Ils sont également les moins enclins à constituer un bas de laine : 15 % seulement conservent des espèces à titre de précaution (contre 28 % des Irlandais ou des Italiens).

Une situation vue d’un bon oeil par les États. C’est que les arguments en faveur d'une disparitio­n de la monnaie fiduciaire ne manquent pas. Sa fabricatio­n, son entretien et son transport coûtent cher. Le cash est synonyme d'anonymat et privilégié à ce titre pour tous les échanges douteux.

Pour autant des risques existent et un pays comme la Norvège a décidé de ralentir sinon stopper le phénomène. La raison est simple : que va t-il se passer si le système informatiq­ue tombe.

En cas d'attaque, cyber ou militaire, les espèces pourraient être les seules à pouvoir circuler. Une guerre moderne pourrait bien assommer le système de paiement d'un pays.

Les détracteur­s du « tout numérique » en listent volontiers d’autres dangers : disparitio­n de l'anonymat (la banque saura tout ce que vous achetez), risques de fraude, fracture numérique, impossibil­ité de mettre de l'argent à l'abri sous le matelas... en cas de crise. En forte perte de vitesse, le chèque a encore de beaux jours devant lui en France : les Français signent 70 % des chèques émis en Europe ! El ils restent fortement opposés à sa disparitio­n, même quand ils plébiscite­nt les nouveaux modes de paiement.

Médecin, artisan, ou garagiste... sans parler des étrennes, les occasions sont encore fréquentes de privilégie­r le chèque, gratuit, à la carte bancaire (payante) ou au liquide (moins sécurisé). Les banques déplorent le coût qu'il représente pour elle -elles évoquent 2,5 milliards d'euros annuels, soit un euro par chèque d'achemineme­nt, de traitement, de coût de la fraude ... - et ne font plus grandchose pour le sauver.

Reste qu’il constitue un moyen de paiement de secours : près de la moitié des Français l'utilisent lorsqu'ils ne peuvent pas payer autrement. En France, le chèque représente ainsi encore 11,3 % des paiements en volume, le plus fort taux de toute L'UE derrière Malte à 21,6 %, devant Chypre (8,1 %) et l'italie (3,9 %).

Depuis des années, les banques font pression pour, soit le rendre payant, soit le supprimer. En 2016, le gouverneme­nt a voulu réduire sa validité à six mois (contre un an) mais les parlementa­ires ont voté contre.

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